" Il se prit la tête dans les mains et restait là , seul, à attendre une mort certaine ou du moins devait-il trouver une solution pour se sortir de ce traquenard. Cet homme à la retraite, médaillé d’honneur avait déjà connu pareille situation, mais aujourd’hui c’est sa famille qui était menacée. Durant ce temps, les minutes s’écoulaient et les truands gagnaient du terrain. Le chat, lui, venait miauler au pied de son maître en se frottant à sa jambe, tandis que ce dernier demeurait pensif. "
Pierre fixait l’horloge, cinq minutes déjà s’étaient écoulées depuis la conversation téléphonique. Il s’arma d’un révolver afin de prévoir toute éventualité, c’était pour lui comme un compagnon de profession, qu’il chérissait plus que tout après sa famille.
Il devait trouver une solution rapide, et il n’était pas question de fuir car cela mettrait sa famille en danger.
L’homme se grattait la tête, en pleine réflexion. Autour de sa soyeuse chevelure perlaient quelques gouttes de sueur...
Les volets étaient fermés, les rideaux tirés, tout était sombre. Et lui, là , s’était levé et déambulait, faisant les cent pas à la recherche d’une issue possible.
Cinq minutes encore s’ajoutèrent, dix minutes au total, la tension montait.
Après un court calcul, il déduisait qu’il suffisait de… moins de cinq minutes pour que les truands s’en viennent.
Un dernier regard vers l’horloge et Pierre soupira.
Non loin de lĂ , la voiture des trois italiens approchait de chez Chambert.
« T’es sûr que c’est par là ? » dit l’un d’eux,
« Ma tou mé prends pour qué ! Je connais la route mieux qué toi quand même ! »
« Fermez-là ! On arrive bientôt… » leur intima celui qui visiblement était le chef.
Tous scrutaient le décor à travers les fenêtres tintées.
Les maisons défilaient lentement, eux cherchaient le domicile de Pierre avec attention.
« Hé Tonio, tu crois qu’il sait quelque chose ce Chambert ? »
« Certainement, si l’autre abruti lui a téléphoné… j’espère qu’on arrive pas trop tard, ce lâche a peut-être fui comme un lapin. »
« Haha… mais il ne connaît pas le lynx de Florancia ! »
« C’est vrai qué Tazio peut abattre oune cible à des kilomètres ! »
Et le groupe se mit Ă rire.
« Oune minoute, on arrive les gars »
« Bon, sa voiture est là . On entre, on le questionne et on l’élimine, mais attention il peut être dangereux ce lascar, c’est un ancien de la SPIRC ».
La voiture de Pierre Chambert était en effet garée face à la propriété.
La porte de la maison, elle, était restée à moitié ouverte, et on voyait l’homme, debout.
« Attendez ! Regardez… Mais qu’est-ce que… »
« Ma il a oune arme ! Attention c’est peut-être oune piège ! »
« Pierre, tu te se crois plus malin que nous hein…
Tazio ! Abats-le ce chien ! »
Le tireur abaissa la vitre, la voiture roulait très lentement.
Jusqu’à bénéficier d’un bon angle de tir. On voyait la cible, de l'intérieur, s’avancer lentement vers la porte, certainement pour la refermer.
Immédiatement, après le bruit silencieux d’un projectile qui fusait, on vit le corps basculer en avant, puis il tomba.
« Dans le mille ! Haha ! »
« Tou m’impressionneras toujours ! » S’exclama le conducteur alors que la voiture démarrait en trombe.
« Bien joué Tazio, rentrons maintenant »
Le leader sortit un téléphone de sa poche et composa un numéro.
C’est une voix grave qui décrocha, au même accent chantant que lors de la conversation téléphonique de Pierre :
« Ouais… »
« Salut boss, on a dû éliminer cet abruti sans pouvoir le questionner »
« Bande d’incapables ! Mais qui m’a foutu ces… »
« Il était armé ! Tu sais que Vasco n’aimerait pas perdre un de ses hommes et que…»
« Ne prononce jamais son nom ! Jamais ! Tu m’entends ? Sinon c’est toi qui vas finir comme ces chiens, c’est un conseil d’amico, tu me saisis ? »
« …oui… pardon chef »
Un silence planait puis la voix répondit de nouveau.
« Bon…je vais vous laisser une chance de vous rattraper. Il y a un autre homme encore qui sait peut-être quelque chose.
A 17h30 précise il sort de son bureau, vous irez lui rendre visite et me le ramener, et cette fois-ci faites votre boulot correctement… je vous donnerais plus d'informations en début d'après-midi »
« Très bien chef… et désolé pour cet incident, ca n’arrivera plus »
Mais il avait déjà raccroché, plus de tonalité.
La voiture poursuivit sa route en cette fin de matinée mouvementée.
A suivre...
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De petits malentendus peuvent être responsables de grands tourments, tout comme une grande amitié peut l'être de leur disparition
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