J'aime beaucoup ta parodie de La Fontaine, qui fait penser aussi irrésistiblement à Molière:
M. TOMÈS.— Monsieur, nous avons raisonné sur la maladie de votre fille; et mon avis, à moi, est que cela procède d'une grande chaleur de sang: ainsi je conclus à la saigner le plus tôt que vous pourrez.
M. DES FONANDRÈS.— Et moi, je dis que sa maladie est une pourriture d'humeurs, causée par une trop grande réplétion: ainsi je conclus à lui donner de l'émétique.
M. TOMÈS.— Je soutiens que l'émétique la tuera.
M. DES FONANDRÈS.— Et moi, que la saignée la fera mourir.
M. TOMÈS.— C'est bien à vous de faire l'habile homme.
M. DES FONANDRÈS.— Oui, c'est à moi, et je vous prêterai le collet en tout genre d'érudition.
M. TOMÈS.— Souvenez-vous de l'homme que vous fîtes crever ces jours passés.
M. DES FONANDRÈS.— Souvenez-vous de la dame que vous avez envoyée en l'autre monde, il y a trois jours.
M. TOMÈS.— Je vous ai dit mon avis.
M. DES FONANDRÈS.— Je vous ai dit ma pensée.
M. TOMÈS.— Si vous ne faites saigner tout à l'heure votre fille, c'est une personne morte. Il sort.
M. DES FONANDRÈS.— Si vous la faites saigner, elle ne sera pas en vie dans un quart d'heure. Il sort.
L'amour Médecin, Acte II scène 4
Tu es en plein dedans avec ton texte très juste. J'aime beaucoup cette histoire.
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Science sans conscience n'est que ruine de l'âme (Rabelais)