Un vieux singe, échappé d’un zoo africain,
Retourna aussitôt près de ses congénères.
Il se vanta près d’eux d’avoir reçu les soins,
Dans son exil forcé, d’un bon vétérinaire.
Alors qu’il pérorait devant son auditoire
Surgit du fleuve proche un affreux crocodile ?
« J’y vois mal » geignait-il, « quelqu’un pourrait-il voir
Si je n’ai pas dans l’œil une mouche ou un cil ? »
Notre singe approchant de la rive du fleuve
Dit «Envers son prochain, il faut se rendre utile »
Et pour montrer Ă tous sa science toute neuve
Se mit Ă essuyer les larmes du reptile.
« Si vous aviez le temps, docteur » dit celui ci
« Je souffre, voyez vous, d’une rage de dents,
Vous m’avez guéri l’œil, soignez la donc aussi.
J’ouvre bien grand la gueule, examinez dedans ».
Prenant un pieu pointu qui se trouvait par lĂ
Le singe le plaça entre les deux mâchoires
Et dit : «Ne bougez plus. Mais qu’est ce donc cela ?
Je vois une carie et des dents toutes noires.
J’entre pour vous soigner » A ces mots le reptile
D’un coup sec referma sa gueule pour le mordre
Mais, le pieu empĂŞchant une capture facile,
Vite il s’enfuit dans l’eau sans attendre aucun ordre.
Moralité :
A celui qui vous apitoie avec ses larmes,
Par prudence, aussitĂ´t ne rendez pas les armes.
Adn
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