Il suffit d'un seul mot.
Elle avait ce visage grave,
Simplement contrarié,
Qui annonçait une discussion ;
Pas pressé, j'attendais
Car parfois, il suffit d'un seul mot
Pour qu'une voix se brise,
Sur le point de dire sa vérité
En toute franchise.
Elle contenait sa nervosité
Par crainte du grand saut,
Dés qu'elle se délivrerait, enfin,
En se jetant à l'eau.
Alors, elle dit : « n'as-tu jamais peur ? ».
Devant mon silence,
Elle insista : « oui ! Jamais peur ? …
A la mort, tu y penses ? »
Puis, son regard sembla s'égarer,
Comme si elle regrettait
Ce questionnement inopiné,
Sachant qu'il me troublerait.
En fait, en restant à mes côtés,
Elle espérait quand même
Un signe qui puisse l'apaiser
Comme l'eût pu un je t'aime ;
Je lui en ai donc tant murmurés
Qu'elle en ferma les yeux...
« On pourrait mourir de trop s'aimer,
Ne serait-ce pas mieux ? ».
Certes l'affaire n'était pas réglée :
Ce partage pesant
Reviendrait souvent nous questionner,
Nous en étions conscients.
Alors, elle dit : « n'as-tu- jamais peur ? »...
Elle avait ce visage grave,
Simplement contrarié,
Qui annonçait une discussion ;
Pas pressé, j'attendais
Car parfois, il suffit d'un seul mot :
Elle soupira : « je t'aime tu sais ! »
Étreinte essentielle :
Sans discussion, la mort étouffée.
Pierre WATTEBLED- le 4 novembre 2018.
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