(Le castelet de la mer)
Ta façade de pierres taillées dans le granit
Qui semble se confondre avec le gros rocher
Offre un peu de repos aux mouettes qui gravitent
Tout autour de tes murs à la mer arrachés.
Tes cheminées qui saillent de tes toits en ardoises
Ne fument plus déjà depuis nombre d'années
Tous les navigateurs de la Manche à l'Iroise
Savent pourtant le nom qu'un jour on t'a donné.
Et quand venant du large on t'aperçoit de loin
Offert à l'océan comme un fier promontoire
Les marins qui reviennent dans le pays Malouin
Content aux petits mousses le vent de ton histoire.
Tu fus jadis le havre d'un pilote corsaire
Qui traquait les bateaux pour le compte du roi
Et le vent qui gonflait ses voiles altières
Semblait porter partout et la peur et l'effroi.
Combien de capitaines et combien d'équipages
Ont craint sur l'océan de croises son chemin
Ses marins qui criaient en choeur : Ã l'abordage !
Se lançant sur leurs ponts à l'aide de filins.
Puis, quand il regagnait le port de Saint-Malo
Le corsaire, au repos, venait entre deux courses
Et tes murs résonnaient des chants des matelots
Du bruit des pièces d'or qui garnissaient leurs bourses.
Que d'histoire guerrières pourrais-tu raconter !
Que de belles victoires et que de sombres drames
Ont vécu ces marins sur la mer indomptée
Mélangeant tour à tour les rires et les larmes !
Sans doute verra-t-on sur le Kastel ar Vor
L'âme des occupants un jour réapparaître
Hissant le pavillon qui flottera encore
Dans le vent, pour y voir enfin la vie renaître.
Le Pope.
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La poésie, c'est essentiel pour la vie !