-Nous serions dĂ» pour des vacances, ma douce et velue femme, que dirais-tu de passer du temps au domaine des champs fleuris? La nourriture est tellement mauvaise ici, je suis las des pissenlits.
-Magnifique idée, mais n’est-ce-pas un peu dispendieux?
-Les prix ont baissé dernièrement. On peut payer l’hôtel avec 6 pattes bien remplies de gelée royale.
-Dans ce cas, allons-y. Laisse-moi me poudrer d’un peu de pollen, j’aime avoir ce teint, bien jaune, qui me donne un air jeune et en santé.
-Je suis prĂŞte, allons-y
-D’après mes calculs, nous y serons dans une heure à tire d’aile. Prête? On y va.
Bzz Bzz Bzz
-Hum…Sens-tu cette odeur? C’est le parfum du domaine fleuri, on va se régaler! J’ai tellement hâte d’y être!
Ça y’est, je vois l’écriteau. Houhou! Entrons vite.
Dring Dring… Dring Dring… Il n’y a personne ou quoi? Allons voir au champ, la propriétaire est peut-être là .
Voyant une abeille s’affairer au champs, l’air un peu affolée, nos deux voyageurs s’approchent.
Hum, hum…êtes-vous la propriétaire du domaine?
-Oui, ah! Nom d’un dard, vous êtes les Bombix, je n’ai pas vu l’heure passer, c’est qu’il y a tant à faire. Presque tous mes employés ont disp ..ont déserté, c’est cela, ils ont déserté.
-Et pourquoi ? dit le couple surpris et suspicieux.
-Ça, j’aimerais bien le savoir! Je traite bien mes employés, ils ont un bon salaire et de bons avantages, mais tous me quittent, je suis pourtant de nature douce et aimable. Pourriez-vous m’aider à résoudre ce mystère? Si vous y arriver, votre séjour sera gratuit.
-Vraiment? C’est intéressant. Qu’en dis-tu ma belle aux poils si soyeux.
-Pourquoi pas? cela mettra du piquant dans nos vacances. Racontez-nous votre histoire.
-Hé bien, tout semblait bien aller au domaine fleuri, les fleurs abondaient en variétés et couleurs ce qui fait notre renommée. Mais depuis deux mois, soit depuis fin mai, début juin, tous les employés que j’ai embauchés, ont, après quelques semaines de travail, commencer à faire n’importe quoi aux champs. Ils arrosaient les fleurs avec du sable! Et allaient butiner chez les concurrents non mais! Je n’ai eu d’autres choix que de les congédier, la plupart ont simplement déserté. Depuis, je n’ose engager d’autres abeilles, de peur que la situation ne se reproduise. Même moi, j’ai l’impression d’avoir été contaminé, quelques fois, je suis complètement perdue.
-Hum…c’est troublant. Avez-vous des ennemis ma chère?
-À part l’hôtel des chardons, non. En fait l’on s’est déjà disputé, pour la qualité du miel, de nos fleurs de trèfle mais c’est chose réglée depuis belle lurette maintenant.
Pouvons-nous visiter les alentours?
-Bien sûr, soyez à votre aise.
Bzz Bzz… mais qu’est-ce que cette odeur? Cela vient de là -bas, voyons voir. Oh, ça empeste! Il fait quoi cet huluberlu en habit blanc de la tête au pied?
-Oh! Ce n’est pas bon signe, tirons-nous d’ici en vitesse.
-Attends, je vais aller voir d’un peu plus près, je te rejoins au domaine.
-Sois prudent, je n’aime pas ça…
-Quelle belle fleur rouge que cela, hum…. Autant joindre l’utile à l’agréable. L’odeur est enivrante…. Ouais, je me sens si léger soudainement, plus de stress, je me sens presque invincible…allons voir ce que l’homme en blanc vaporise. I n s e c t i c i d e…. in secti cide , ha! C’est pour tuer les insectes ça non? Bon, je vais retourner au domaine pour leur annoncer. Le paysage est joli ici…on devrait peut-être y déménager notre ruche.
De retour au domaine fleuri
- Bon sang, cela t’a pris donc bien du temps! Mais qu’est-ce que tu as, tu as l’air bien détendu….
-Oh, j’ai butiné une jolie fleur rouge que je ne connaissais pas et cela m’a fait un bien fou!
-Nom, d’un bourdon, vous avez siphonné un coquelicot! Ne savez-vous pas qu’elle a une action sédative, qu’elle vous enlève tout anxiété?
-Non, quelle merveille que cette fleur- là ! je suis ravi d’avoir fait sa connaissance.
-C’est ce qu’ils cultivent dans ces champs là -bas?
-Entre autre, mais aussi il y avait des barils que les hommes blancs utilisent, c’était marqué Insec ti cide….si ma mémoire est bonne, c’est un peu flou dans ma tête.
-insecticide!!! La propriétaire devient aussi pâle que les nuages….c’est une catastrophe! Aussi pire qu’une bombe nucléaire! Cela bousille le cerveau des abeilles avec lequel il est en contact. Je comprends maintenant pourquoi mes employés sont devenus complètement fou! À la guerre comme à la guerre! S’ils continuent comme cela, leur poison va atterrir sur toutes nos fleurs et ce sera la fin.
-Mais qu’est-ce qu’on peut faire?
-Mettez ces habits, ils vous protégeront des effets néfastes des insecticides. Apporter une grande quantité d’aubépine, nous en mettrons dans leur café du matin et ce, à tous les jours.
Comme de vraies professionnelles, les abeilles volèrent aussi silencieusement qu’un hibou, déposant en douce les aubépines broyées dans le liquide brun et fumant et repartirent incognito, vite fait, bien fait.
-Au fait dîtes-moi Mme, la propriétaire, quel est l’effet de l’aubépine? Nous n’avons pas cette fleur par chez-nous.
-Oh, c’est une plante diurétique. Ils vont passer tellement de temps aux toilettes, qu’il n’en restera plus pour arroser d’insecticides leurs champs. Je crois qu’on entendra plus parler d’eux pour un bon moment. ….. Et si ce n’est pas suffisant, j’ai toute une panoplie d’autres choix dans mon herbier!
Le mystère résolu, les Bombix ont eu droit à leur vacances payées et ont bien l’intention de s’installer un jour dans le domaine fleuri, piqué par la curiosité de ce qu’elle réserve aux hommes tout en blancs.
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sylvianni
