Le sommeil est voyage où se clôt la paupière…
Cet univers obscur aux splendeurs incroyables,
Abysses infinis où se meurt la lumière,
Enfante chaque nuit de rêves improbables.
Alors ai-je songé ? Suis-je encore endormi ?
Que cette léthargie n’en finisse jamais !
Si je suis éveillé qu’il me soit donc permis
De vivre enfin d’amour, près d’elle désormais.
……..
Elle a jailli d’ailleurs, d’un grand nuage blanc.
Sans même prévenir. Dans un profond silence.
En appui sur le vide… et c’était si troublant…
Surgir de la vapeur en pleine turbulence !
Une locomotive en un grand tourbillon !
Moi j’étais suspendu…Sur le quai d’une gare ?
Une femme à l’avant, sirène-papillon,
Telle proue bronze et or … Pour que l’esprit s’égare ?
L’ensemble s’arrêta, devant moi, subjugué.
Une porte s’ouvrit, coulissant lentement.
Devais-je alors monter, quoi que très intrigué ?
Mais mon cœur se taisait. Pas même un battement !
Mon esprit disait : « Oui, continue le voyage !
Un miracle t’attend ! Va ! Monte et prends donc place !
C’est sans doute l’amour qui t’ouvre son sillage.
Suis ton ange gardien qui déjà s’y prélasse ! »
……..
Je m’y sentais si bien, l’air était différent,
Douces senteurs, parfums, en un chassé croisé…
C’est au fond du wagon que le plus enivrant
Fit renaître mon cœur, l’ayant apprivoisé.
C’est là qu’elle attendait que je vienne vers elle,
Espérant que mon rêve irait sur son chemin.
Mes songes jusque là n’étaient que nuit mortelle.
Dans ce train, c’est certain, je me sentais humain.
……..
J’ai quitté la station du néant, de l’oubli.
Près de moi c’est l’amour, c’est la vie, l’avenir.
Telle reine en confiance – Oui ! Je suis anobli -
Elle est tout contre moi quoi qu’il puisse advenir.
……..
Si vous levez les yeux, vers le grand bleu du ciel,
Vous verrez certains jours de grandes traînées claires…
Le train vole toujours et l’amour essentiel
Continue le voyage en des confins solaires…