-Attention, alerte météo! Dans quelques heures, il y aura une pluie solaire magnétique d’amplitude 7, l’une des plus grosses jamais enregistrée depuis les vingt dernières années. Ne sortez-pas, terrez-vous dans votre sous-sol. Nous communiquerons avec vous par ondes souterraines toutes les heures.
C’est la panique dans les rues. Très rapidement, un bouchon monstre se forme. Partout, on voit la panique dans les yeux, on respire l’adrénaline à plein poumons. Les animaux aboient et cherchent abris sous terre pour mieux s’y protéger. Les oiseaux, désorientés, volent en tous sens. Déroutés, certains piquent du nez, s’écrasant au sol, tel un insecte sur un pare-brise de ces vieux modèles automobiles.
C’est l’instant tant redouté. Des languettes de feu s’abattent dans le ciel, comme si le soleil, trop vieux, se désagrégeait sous nos yeux. Malgré l’horreur des porte-lumière troués et courbés, des moyens de transports en flammes et la semi pénombre due aux branchements noircis et carbonisés, on ne peut qu’admirer cette pluie orangée, presque irréelle.
De notre minuscule fenêtre anti-feu, nous sommes tous rivés, les yeux au ciel, devant le démantèlement de notre vie extérieure. Puis, sans avertissement, tout s’arrête, laissant le sol jonché de cendres et de débris et un ciel encore rougeoyant de colère.
-Attention, attention, la pluie solaire est officiellement terminée. Les services d’urgence vont dès maintenant, sortir et nettoyer la ville. Le confinement est de mise pour encore vingt-quatre heures.
Pendant les premières heures, nous regardons inlassablement les camions nettoyeurs ramasser les cendres et arroser le sol pour refroidir les routes primaires et secondaires. Puis, le ciel se met à se dégager, laissant apparaître des spectres de lumières inusuels dans l’atmosphère. Nous sommes comme enveloppés dans du rouge, du jaune, du vert, du bleu, comme si ces couleurs ceinturaient notre monde. Puis des formes transparentes, si on y prête attention, commencent à apparaître. Seules, en chaînes, groupées, en petits cercles concentriques tournant sous une force peut être cinétique ou extra-terrestre. Battant comme au rythme d’un cœur humain. Mais qu’est-ce que c’est?
Outre l’interdiction imposée de confinement de vingt-quatre heures, plusieurs sont sur le pas de leur maison, ébahis et interloqués. Se frottant les yeux, comme quand on émerge d’un mauvais rêve ou ajustant leurs lunettes, croyant à un mauvais réglage. Les plus braves ou les plus téméraires tendent leurs mains vers ces couleurs et ces formes, qui semblent indicibles et impalpables. Dans le temps de le dire, les rues sont bondées par des oh! ah! wow! Ben voyons donc! Et autres allocutions inaudibles.
Des scientifiques munis de leurs instruments ultra perfectionnés, revêtus d’une combinaison presque lunaire, s’attroupent devant ce phénomène inexpliqué, comme si le voile de notre existence venait d’être mise à jour par la pluie solaire. Ils mesurent, sondent, analysent, réfléchissent, s’attardant à de savants calculs, se grattant la tête comme pour y dégager une réponse logique.
À ma droite, un groupe de bambins, s’amusant avec les formes, les disposant les unes par -dessus les autres, comme les blocs légo de jadis. C’est à ce moment que l’on comprit que l’on pouvait imbriquer, modeler les formes transparentes comme on le fait avec de la plasticine. Voyant cela, un adolescent féru de mécanique, se met à déplacer les formes pour en faire une bicyclette invisible, mais fonctionnelle. Le voilà , enfourchant le siège, ressemblant à du papier bulle, pédalant dans ce semblant de vide, vers les limites de la ville. Fièrement, comme un pilote d’élite, il enclanche le mécanisme de ses jambes pour montrer à tous l’objet de sa découverte. Quelques kilomètres plus tard, il arrive dans la ville voisine de Yuyubar, personne ne semble s’être aperçu des formes transparentes qui se meuvent sous nos yeux. Quand l’adolescent est arrivé à ladite ville, et à portée de vue, tous ont cru à une invasion Jupitérienne et lui ont lancé tout ce qu’ils avaient sous la main. Roches, bout de bois et détritus de toutes sortes.
-Hé! Que faites-vous crie l’adolescent. En essayant de rasfistoler une roue sans écrou. Je suis humain comme vous, j’habite dans la ville vois iiiii nnn eeee! C’est en chutant à toute vitesse que l’adolescent dit ces dernières paroles avant de tomber par terre nez à nez avec le maire en personne, qui le regarde avec de grands yeux écarquillés.
-Vous avez tout bousillez! Dit-il d’un ton rageur. Mon tout premier prototype de bicyclette moléculaire!
-Quoi? Disent étonnés les citadins, une bicyclette moléculaire? On voyait que quelqu’un volait dans le ciel , sans machine volante, y’a de quoi être inquiet!
-Ce n’était que moi, nom d’une pipe! Je dois tout recommencer maintenant. Avec vos roches, vous avez tout disloquer mon invention. Ne vous êtes vous pas aperçu après la pluie solaire que tout a changé dans l’atmosphère? Les couleurs? Les formes transparentes?
-Oui, mais on croyait que c’était temporaire, nous avons peur, très peur d’être envahis ou que tout cela signifie que c’est la fin de notre monde.
-Oh! Vous les Yuyubars, toujours peur du nouveau, faut vivre avec son temps. Tout change, le voile du monde s’est ouvert à nous, vous imaginez tout ce que nous pouvons faire maintenant?
-Euh! Non.
- Peu importe. J’ai besoin d’aide, envoyez-moi des enfants, des ados et des personnes habiles de leurs mains, des scientifiques je leur montrerai comment assembler les molécules.
Bientôt, une masse de gens se rassemblent près de l’adolescent. Patiemment, il leur explique comment faire l’assemblage de molécules, c’est comme bouger les images sur un écran dit-il, rien de plus facile. Ensuite faut prendre les molécules, les modeler et les fixer selon nos besoins et voilà . Regardes sur le plan, c’est facile. Mais dit un petit garçon, si nous y a ajoutons de la couleur, celles que nous venons de découvrir, nous pourrions te voir dans le ciel quand tu fais de la bicyclette?
-Oui, j’imagine que ce serait bien, je ne passerais plus incognito. Es-tu capable de prendre la couleur avec tes doigts? Hum… Le gamin, passe et repasse sa main sur les couleurs, mais elles fuient comme de l’eau glisse sur le dos d’un canard. J’ai une idée dit le gamin, attends…. C’est clopin-clopant qu’il s’en va à sa maison, chercher sa soi-disant sa grande idée. Quand il revient, il montre le fruit de son génie de 6 ans à l’adolescent. Un long morceau de plastique en forme de tube.
-Une paille? Dit l’adolescent?
-Ben oui, il est peut-être possible d’aspirer la couleur?
- Bah! Nous n’avons rien à perdre.
Le gamin prend la paille, la dépose dans sa bouche, se met devant les couleurs, aspire un grand coup et rejette le contenu dans un sac de plastique.
-Oh! regardes, ça a marché!
-Ce n’est pas le temps de faire des essais gamin, court! L’univers se rétrécit!
Mais personne ne court assez vite pour défier l’univers. Les habitants de Yuyubars sont rapidement absorbés et emprisonnés dans une grosse bulle d’énergie et sont catapultés dans un univers disons parrallèle. Yuyubar est devenue une ville fantôme, personne ne sait exactement où sont passé les gens, même les scientifiques les plus érudits de la planète. Mais nous, nous le savons, nous les avons entendus parler avant d’atterrir ici dans ce nulle part sans nom.
-Rouchi, j’ai encore été obligé de sévir aujourd’hui contre les terriens, car tu as oublié de réparer le voile qui sépare notre voie lactée de celle de la terre. Cela fait deux fois en 4 milles ans. À ce rythme nous allons bientôt être découverts!
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sylvianni
