Boris Cyrulnik arrêté,
Avec une poignée d’enfants ;
Il n’avait que cinq ou six ans,
Pourtant, il savait se méfier.
Un instinct extraordinaire,
Cet instinct de conservation,
Disons, plutôt d’insoumission :
Il ne voulait se laisser faire.
Au lieu de suivre les mouflets,
Il voulut se mettre à l’écart,
Et écouter les grands gaillards,
Qui ne pensaient qu’à s’évader.
Il ne voulait se laisser faire,
Voilà peut-être la raison,
Avec son mauvais caractère,
Il ne rêvait que d’évasion.
Il pensa donc aux cabinets,
Et au Z sur la porte en bois,
Et sur ce Z il s’est hissé,
Sous le plafond est resté coi.
Quand la Gestapo est venue,
Pour vérifier dans les toilettes,
Aucun d’eux n’a levé la tête,
Puis le silence est revenu.
D’autres sont partis pour Drancy,
Avant le voyage à Auschwitz,
Il les avait bien eus les Fritz,
Et tous ces monstres de Nazis !
Et en descendant du perchoir,
Boris a vu cette infirmière,
Mon Dieu ! Qu’elle était belle à voir,
Ses yeux étaient pleins de lumière !
Sachant que ce petit enfant,
Seul dans la rue, était perdu,
Elle confia ce jeune inconnu
À un réseau de résistants.
Longtemps après, il l’a revue,
Celle qui l’a sauvé de la mort,
Plus belle qu’elle il n’avait vu,
Il se la rappelait encore.
Elle exhiba une photo,
Elle n’avait de beaux cheveux d’or,
Mais cheveux noirs comme corbeaux.
La vieille dame, belle encore.
On s’arrange avec sa mémoire,
Blonde elle était comme les stars
Belle comme les Américaines,
Il l’aimait, à cinq ans à peine.
Dumnac