Aloïs....
On dit de lui qu'il rabâche, qu'il se répète...
alors on tourne furtivement la tête...
et lui toujours les mêmes phrases...
du présent il en fait table rase...
Et bien Monsieur où est donc votre mémoire...
pas celle d'hier, ni celle d'il y a très longtemps..
mais là ces instants, ces moments bien vivants..
à qui sont ces visages ?...c'est le trou noir....
On dit de lui qu'il parle à tort et à travers...
la saison est elle plus belle, quand elle est d'hier ?
on lui parle du vent dans les arbres d'automne....
de la mort des feuilles combler ce silence qui résonne...
Et bien Monsieur, où est passé votre envie de danser..
vos pas se rappellent à peine comment avancer...
essayons de faire une balade dans votre '' antan ''..
puisqu'il semble vouloir de vous inlassablement....
On dit de lui qu'il dit n'importe quoi...
alors qu'il n'est même plus sous son toit...
dans les couloirs de la vieillesse ultime...
la démence la folle rôde et décime....
Et bien Monsieur, où est passé votre doux regard..
du haut de vos presque 90 ans hagards...
vous persistez malgré vous à fouiller les placards...
à sortir des vieilleries des fonds de tiroirs....
On dit de lui qu'il crie mais c'est illusoire...
car il marmonne, rumine.. ses idées noires...
quand sur ce fauteuil de faux cuir...
il ressasse, tracasse ...et vous fait fuir...
Car Aloïs est entré en sa demeure...
et Monsieur lentement, doucement..meurt...
tout en parlant d'hier, d'avant..y a plus de maintenant...
même aujourd'hui ne parle plus que d'avant....
Isabelle le 21 Octobre 2017
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