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     L’Interview du Père NoĂ«l [Nouvelle]
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Expéditeur Conversation
celineb
Envoyé le :  17/10/2017 22:08
Plume de platine
Inscrit le: 8/4/2017
De: Hauts-de-France
Envois: 4456
L’Interview du Père Noël [Nouvelle]
L’Interview du Père Noël

           C’était un jour triste et froid d’octobre. La pluie battait les vitres de l’automobile de Jérémy, tandis qu’il se dirigeait lentement, à cause des embouteillages, vers son travail. Il dut s’arrêter à un feu rouge. Allons, il serait encore en retard ce matin. Il n’arrivait pas à se lever tôt, en dépit des deux réveils, énormes, qu’il avait mis à son chevet.

           Agacé, il regarda par la fenêtre. Des arbres dénudés, des passants pressés, se hâtant sous les gouttes, des parapluies noirs, une eau sale dans le caniveau... Quelle tristesse ! Il soupira. Vivement Noël, ses lumières et sa gaieté. Il aimait beaucoup cette période festive, propice aux réunions de famille. L’ambiance morose de ce lundi d’automne lui inspirait des envies de guirlandes et de cadeaux joyeux.

           La file d’automobile démarra, le jeune homme se faufila au volant de sa petite voiture jusqu’au portail d’entrée du Journal Fenêtres du Monde, ou FDM, comme tous les employés l’appelaient. Il gara son véhicule dans la cour et se hâta vers son bureau de journaliste stagiaire, qu’il partageait avec deux collègues. Ceux-ci, à son arrivée, furent assez goguenards. Ils avaient l’habitude des retards de Jérémy et des ruses de celui-ci pour ne pas se faire remarquer.

           Les jeunes journalistes interpellèrent familièrement le retardataire. Le Rédacteur en chef était passé, l’avait cherché, était reparti furieux de ne pas l’avoir trouvé. Jérémy trembla. Le responsable était autoritaire et colérique. Il redoutait le pire. Il ne se trompait pas. Le Rédacteur surgit brusquement et s’adressa au jeune homme sur un ton sans réplique.

- « Je vous ai cherché ce matin, vous n'étiez pas là. Je m'interroge sur votre sérieux et surtout, sur vos capacités. Dois-je vous garder dans l'équipe ou vous mettre à la porte ?
Jérémy bredouilla une réponse inaudible, il était tétanisé.
- Nous sommes d'accord ! C'est la porte ! claironna le Rédacteur. Néanmoins, je vous donne une dernière chance : suggérez-moi une idée d'article originale, bien à vous, qui puisse retenir nos lecteurs, et je passe l'éponge.
Le jeune journaliste réfléchit rapidement puis lança :
- Il faut faire un article sur le Père Noël !
Le responsable resta interloqué.
- Le Père Noël ? Apparemment, vous y croyez ! Vous vous moquez de moi ?
- Non, Monsieur, pas du tout ! Je pense que ce serait une bonne idée de faire un reportage sur le terrain, c'est l'automne, Noël n'est plus si loin, les jours raccourcissent et le moral s'en ressent, je pense qu'interviewer le Père Noël, lui faire raconter ses préparatifs, faire des photos de ses rennes, cela plairait aux lecteurs, leur changerait les idées !
Jérémy était à bout de souffle. Le responsable le regarda, incrédule, puis souffla :
- Eh bien, mon bonhomme, si vous trouvez le Père Noël, c'est d'accord. Mais, personnellement, ajouta-t-il sur un ton narquois, je crois qu'il n'y a guère de chance. En tout cas, vous avez carte blanche et quatre jours pour faire votre reportage. A vos frais, naturellement. Nous verrons à votre retour si le Journal doit vous l'acheter, ajouta-t-il perfidement.

           Le Rédacteur était conscient de l'impossibilité d'un tel reportage. Il était ravi d'avoir enfin un bon prétexte pour licencier Jérémy : insuffisance professionnelle notoire !

           La journée se passa comme à l’ordinaire, les stagiaires étaient surchargés de taches diverses. Quand vint le soir, Jérémy rentra harassé chez lui, passablement inquiet de la mission qu’il avait choisie : trouver le Père Noël et ramener au Journal son interview toute fraîche.

           Sitôt son dîner avalé, il se mit au travail, collectant le maximum d’information sur internet concernant le futur acteur de son article à venir. Il contacta ses amis pour des tuyaux utiles et des contacts précieux sur place. A minuit, il connaissait sa destination :  Rovaniemi, une ville de Finlande et plus précisément de Laponie où quelqu’un sur place le renseignerait sur le domicile du vieil homme.

           Le lendemain matin, à la première heure, il emprunta une ligne régulière d’Air Finlande pour se rendre en Laponie. Sur place, son contact l’accueillit amicalement et lui donna toutes les précisions qu’il souhaitait. Selon lui, le Père Noël avait déménagé, il n’habitait plus dans un vaste domaine loin des habitations mais au rez-de-chaussée d’un appartement que lui louait la ville de Rovaniemi. Un parking aménagé dans la Résidence servait d’écurie aux deux derniers rennes qui lui restaient. Jérémy n’en croyait pas ses oreilles : le Père Noël, dans une HLM ! Il prit rendez-vous au téléphone avec le vieil homme et partit, en taxi, vers la résidence de l’aïeul.

           Le jeune journaliste, arrivé sur place, fut frappé par la vétusté des locaux. Propre mais très modeste, tel était l’immeuble du Père Noël. Jérémy repéra dans la cour les rennes du vieil homme : ils occupaient un petit local qui ressemblait à un garage. Où donc étaient les lutins, aides du maître des lieux ? L’atelier de jouets, tous en bois, sur lequel régnait la mère Noël ? Et le fameux traîneau, qu’était-il devenu ?

           Jérémy se posait ces questions quand il vit sortir un vieil original, habillé de façon plutôt excentrique, portant un bonnet rouge penché sur le côté. Cet individu bizarre devait être le Père Noël. Jérémy l’aborda avec politesse. Il avait deviné juste : il avait en face de lui celui qui l’avait tant fait rêver enfant. Bougon, le bonhomme accepta de répondre à ses questions. Il était pressé, Il devait atteler ses rennes. Il était l’heure pour lui d’aller ramasser les feuilles mortes de la ville de Rovaniemi avec son traîneau écologique à énergie animale.

           Jérémy apprit qu’effectivement, le Père Noël devait remplir cette besogne pour assurer sa subsistance, du fait que son courrier avec les lettres des enfants s’était raréfié jusqu’à disparaître. Ce n’était plus lui qui apportait les cadeaux de Noël. Dorénavant, les jeunes du monde entier achetaient sur internet. Nul besoin d’écrire une lettre fastidieuse à un vieillard auquel ils ne croyaient plus. Les boutiques en ligne leur livraient en vingt-quatre heures tous les jeux vidéos dont ils pouvaient rêver.

           Le jeune journaliste, éberlué, griffonna quelques lignes sur son carnet de notes puis il prit congé du vieil homme en le remerciant. Avant de partir, il fit quelques photos du traîneau écologique, chargé du nettoyage municipal. Les rennes n’avaient pas l’air malheureux, ni le Père Noël, d’ailleurs. Ils s’étaient tous adaptés pour survivre. Mais Jérémy était terriblement déçu, frustré, et inquiet. Quel article allait-il pouvoir proposer au Journal ? Les malheurs financiers des personnes âgées n’intéressaient guère les citoyens du monde moderne.

           Il rentra, prit congé de son contact et se dirigea vers l’aéroport. Finalement, il n’aurait pas besoin des quatre jours que lui avait alloués son patron. Dans l’avion qui le ramenait en France, il eut une idée : rédiger un article sur une façon originale et sympathique, particulièrement écologique, de ramasser les feuilles d’automne dans les grandes villes finlandaises. En centrant son papier sur les rennes et non sur leur propriétaire, il avait une chance d’intéresser les lecteurs de Fenêtres du Monde. L’écologie était à la mode en ce moment et non le vieil homme au manteau rouge.

           Dès le lendemain, il se rendit directement dans le bureau de son rédacteur en chef qui se montra agréablement séduit par l’idée de Jérémy. Le responsable financier accepta de prendre en charge le déplacement du jeune journaliste et les frais occasionnés par son reportage en Finlande. L’article aurait comme titre « Le traîneau de l’automne » et occuperait une place enviable dans les colonnes du Journal.

           L’interview du Père Noël n’aurait pas lieu. Les temps changent et les traditions, si elles perdurent, évoluent pour survivre. Telle est la loi du monde. Jérémy n’oublierait jamais cette leçon de réalité.


FIN
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