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     Une Nouvelle Façon d'Ecrire ? [Nouvelle]
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Expéditeur Conversation
celineb
Envoyé le :  28/9/2017 8:44
Plume de platine
Inscrit le: 8/4/2017
De: Hauts-de-France
Envois: 4456
Une Nouvelle Façon d'Ecrire ? [Nouvelle]
Une Nouvelle Façon d’Ecrire ?

    Ce matin-là, Jean-Pierre prit son ordinateur portable sur la table du bureau et s’installa dans la cuisine. Il allait grignoter quelque chose en écrivant, cela lui donnerait peut-être la force de commencer enfin son roman. Il soupira, regrettant d’avoir autant de difficulté à raconter les aventures de son héros. Pourtant, il ne manquait pas d’imagination, mille idées, mille visions se bousculaient dans son esprit fiévreux. Mais malheureusement, il n’avançait pas. Il restait bloqué au début de son ouvrage. Il n’avait trouvé que le titre, Fabulia, qui voulait dire tellement de choses pour lui, aux frontières de la fantaisie et du mystère. La suite obligée lui faisait se dresser les cheveux sur la tête. Oui, le nom de l’auteur, quel problème insurmontable.

       Il détestait son prénom, qu’il trouvait parfaitement démodé. Un caprice de sa mère, qui avait voulu lui donner le prénom de son père. Oui, mais voilà, ses amis ne s’appelaient pas Jean-Pierre. Dans le groupe d’étudiants qu’il fréquentait, aucun d’eux, naturellement, ne s’appelait ainsi. Il voyait bien, d’ailleurs, que ce prénom « à l’ancienne » les amusait. Quant à prendre un pseudonyme, cela lui paraissait particulièrement méprisable. Il fallait avoir le courage d’être soi-même. L’ennui, c’est que pour sa part, il n’avait pas cette audace.

       Il décida de faire abstraction cette fois-ci du nom de l’auteur de son futur ouvrage et essaya d’entrer dans le vif du sujet. Voyons, par quoi allait-il commencer ? Les images se bousculaient dans son esprit. Un homme jeune, en survêtement, qui courait sur le bitume. Un jogging matinal, sans doute. Le personnage passait au petit trot devant un grand collège au toit vert, tournait l’angle de la rue, remontait une avenue spacieuse sous des marronniers chargés de bogues entrouvertes.

       Tiens ! Pourquoi le héros de son roman s’arrêtait-il brusquement en pleine course, regardant au-dessus de sa tête ? Que cherchait-il au ciel ? Jean-Pierre ne parvenait pas à remettre son personnage en mouvement. Le curieux individu semblait s’arc-bouter au sol, freinant des quatre fers. C’était inimaginable. Que se passait-il ? Au moment où le jeune écrivain se demandait s’il faisait un mauvais rêve, le héros de son roman cria à pleine voix :
- Hé ! Oh ! Je sais que vous m'entendez ! Hé, l'auteur, vous me répondez ?

       Très surpris, Jean-Pierre balbutia ces quelques mots :
- Mais, qui êtes-vous ? Pourquoi vous adressez-vous à moi ?
- Non, mais ! Il perd la tête ! Vous oubliez que vous êtes en train d'écrire mon histoire, que vous m'avez totalement imaginé et même affublé de ce survêtement ridicule ?

       Le jeune homme croyait rêver. Ce n'était pas possible, voilà que son personnage s'adressait à lui ! Fièrement campé sur ses pieds, les poings sur les hanches, il apostrophait le ciel.
- Oui, en effet, vous êtes une créature issue de mon esprit mais les personnages ne parlent pas, d'habitude ! Ils font ce que leur ordonne leur maître et créateur, l'écrivain.
- Détrompez-vous, jeune homme ! Les auteurs de romans n'ont pas un peuple d'esclaves à leur disposition. Ils coopèrent avec des partenaires qui acceptent de leur céder un moment de leur temps, qui est précieux !
- Vous voulez parler des personnages ? interrogea Jean-Pierre, éberlué.
- Evidemment ! Le héros de son roman haussa les épaules, agacé. Bon, passons aux choses sérieuses. Quel nom me donnez-vous et qui vais-je rencontrer lors de ce jogging matinal auquel je me livre, apparemment ?

       L'écrivain en herbe murmura timidement :
- Je pensais vous nommer Guillaume Testis et vous faire rencontrer en haut de l'avenue que vous remontez une jeune fille d'une grande beauté, dont vous alliez tomber amoureux sur-le-champ.
- Soit ! J'ai échappé à un patronyme stupide comme le vôtre et pour la jeune fille, pourquoi pas, si elle est charmante.
- Ne dites pas du mal de mon prénom ! répliqua le jeune homme, vexé. C'est vrai que je ne l'aime pas non plus mais ce n'est pas une raison pour m'humilier ainsi !
- J'ai mon franc-parler, que voulez-vous ! Vous n'avez qu'à vous faire appeler Jipé, c'est très tendance.
- Euh... Oui, en effet, ce serait bien.
- C'est dans le sac ! Bon, elle apparaît, la demoiselle ? demanda Guillaume en se frottant les mains.
- Voilà, j'arrive ! dit Jean-Pierre, empressé.

       A ce moment, tournant le coin de l'avenue, apparut une jolie blonde un peu ébouriffée. Elle s'adressa à Guillaume qui la regardait, le sourire aux lèvres.
- Bonjour, Monsieur ! Pourriez-vous me dire l'heure, s'il vous plaît ? Dans ma hâte, ce matin, j'ai oublié ma montre. Je ne sais pas si je suis en retard au travail !

       Le personnage principal du roman de Jipé regarda son poignet et lui indiqua l'heure qu'il était. Il ajouta, aimable :
- Vous étiez si pressée, ce matin ?
- Oui, j'avais le sentiment que j'allais faire une rencontre importante. C'est peut-être vous ? hasarda-t-elle.

      A ce moment, elle leva la tête vers le haut et interpella une présence céleste et cachée.
- Dites, l'auteur, c'est lui, l'homme de ma vie que je dois rencontrer aujourd'hui ? Il n'est pas extraordinaire mais bon, ça pourra aller pour cette fois.

       C'est comme si la foudre venait de frapper Jean-Pierre. Il chevrota :
- Quoi ! Vous aussi, vous vous y mettez ! Mais qu'est-ce que j'ai fait pour avoir des personnages aussi indépendants, aussi insolents !

       S'il avait pu, il aurait levé les bras au ciel mais ses personnages ne l'entendaient pas ainsi. Guillaume, impatient de répondre, s’adressait déjà à la jeune fille :
- Voyons, Mademoiselle, restez polie. Que me reprochez-vous ? Je suis plutôt bien de ma personne...
- En effet, rétorqua la jeune fille. C'est votre survêtement, il ne vous va vraiment pas.

       Guillaume haussa les épaules.
- Je sais, je l'ai dit au patron mais il s'en moque ! soupira-t-il en désignant le ciel.

       Jipé décida d'essayer de reprendre la situation en main.
- Vous, mes personnages, écoutez-moi bien ! Savez-vous que si je ferme mon ordinateur, vous serez plongés dans le noir le plus complet ? Cela ne vous plairait pas, je pense.
- Non, ne faites pas ça, l'auteur, cria la jeune fille, apeurée. Nous serons sages, c'est promis !

       Guillaume gardait le silence, l’air indécis.
- Bon, vous voilà raisonnables, dit Jipé en souriant. Je vous propose un marché : je vous respecte, vous me respectez. Nous écrirons ensemble ce roman à venir. En revanche, vous ne contestez pas mes décisions les plus importantes.
- D'accord, d'accord, répondit très vite la jeune fille.
- J’accepte également, Jipé, ajouta Guillaume. Quelle est l'étape suivante ?

       Jean-Pierre était aux anges, il comprenait que cette fois-ci, son roman était sur les rails.
- Je pense que vous pourriez proposer à notre amie de prendre un café après son travail. Elle accepterait. Qu'en dites-vous, tous les deux ?

       Les personnages du roman de Jipé acceptèrent volontiers. Secrètement, ils se plaisaient beaucoup. L'histoire progressa ainsi, écrite à plusieurs mains ou à plusieurs plumes, évoluant au rythme des suggestions de chacun et prenant le tour désiré par tous.

       L'ouvrage de Jean-Pierre Normand fut publié dans les deux mois qui suivirent ce matin mémorable. Il fut un beau succès de librairie et gagna même un prix littéraire, semble-t-il.

FIN


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