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     Les fleurs ....jugent l'Humain....!
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Expéditeur Conversation
matogrosso
Envoyé le :  16/9/2017 1:27
Plume de platine
Inscrit le: 2/9/2015
De:
Envois: 6726
Les fleurs ....jugent l'Humain....!
Les fleurs ne s'épanouissent que dans les jardins fleuris.
Elles désertent les incultes, les fats, les rabougris.
Elles évitent ostensiblement les pétales délurées,
Elles observent, s'interrogent avant d'y mettre les pieds.

Celui-ci serait-il vraiment à la hauteur de nos espérances,
Ne serait-il pas drapé d'ornements embués de malsaine prestance?
Ne se dresserait-il pas d'une manière plus que déterminé,
Tentant de vous conquérir, de vous séduire, de vous subjuguer?

Les fleurs les plus élaborées privilégient les terres non hostiles.
Elles sont reconnaissantes envers les semences non stériles,
Passant avec elles un marché semi-complaisant,
Qui exprime ceci: je vous élis, mais soyez cependant vigilant.

Les fleurs ne se lassent jamais de faire un choix.
Elles écartent les graines fleurant le relent, le surpoids.
Les bipèdes peuplant notre planète, de plus en plus dévastée,
Se reconnaîtront-ils, en oubliant leur suffisance avérée?

S'épanouiront-ils, comme la rose au sommet de sa volupté,
Pour enfin, vomir leurs passions, et faire germer la probité?




MG


----------------
"il est conseillé de toujours répondre aux imbéciles par le silence"!

wall
Envoyé le :  16/9/2017 1:55
Plume d'or
Inscrit le: 13/12/2015
De: montreal
Envois: 1458
Re: Les fleurs de la nature....nous disent....
trés belle réflexion, alors la nature n'a pas de conscience comme l’espèce animale, la nature on devrait en prendre expérience ne sait pas qu'il y a un lendemain comme nous humanité notre différence alors tout pour ces êtres vivants est une question de survie et de vivre un instant présent sans l'intervention des hommes la nature même les fleurs reprennent leurs places vois tu l’edelweiss magnifique fleur entre les rochers poussent bien et elle est magnifique comme fleur alors belle réflexion méme face a un environnement hostile on peut vivre car tu choisis la vie que tu veux sans te préoccuper parfois des autres et tu vis la vie comme cette fleur ou tu veux et tu t'épanouis comme tu veux...car la nature te donne ce choix a toi d'en faire ce que tu veux merci j'ai adoré cette écriture et ce poéme la fleur ne se sent pas supérieure et ne juge pas elle accepte la vie car la nature a le respect pour la vie ou on lui donne alors faisons comme ses fleurs qui poussent méme sur les rochers elles ont cette chance malgré tout elles vivent non.....mes amitiés wal merci du partage


----------------

amademwa
Envoyé le :  16/9/2017 2:32
Plume de diamant
Inscrit le: 16/10/2010
De: Nador-Maroc
Envois: 10399
Re: Les fleurs de la nature....nous disent....
Une réflexion qui puise son essence de la pure des existences:
La Nature!
Une lecture fort intéressante qui invite à une profonde réflexion.

Merci,camarade!
Driss






----------------
Prétendre salir l'autre,ne nous nettoie point de nos saletés!!

Driss

margo1668
Envoyé le :  16/9/2017 4:42
Plume de platine
Inscrit le: 24/9/2015
De:
Envois: 3858
Re: Les fleurs ....juges de l'Humain....!
J'aimé


----------------
Mon premier recueil de poème est disponible sur Édilivre
https://www.edilivre.com/sous-la-pointe-de-ma-plume-27d21038e0.html


https://www.edilivre.com/ma-plume-ma-passion-marguerite-voltaire.html

Ma plume combative,Ma petite plume en vente su...

islander
Envoyé le :  16/9/2017 5:58
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 11/4/2009
De: Baltimore, Bretagne
Envois: 57668
Re: Les fleurs ....juges de l'Humain....!
je ne sais pas grand chose de ces fleurs, hormis que quand poussent les coquelicots dans un champ, la terre est bonne et saine, superbe partage



yann



NoireLune
Envoyé le :  16/9/2017 7:42
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 20/11/2011
De: Où le rêve rit...
Envois: 31974
Re: Les fleurs ....juges de l'Humain....!

En tout cas c'est un bien beau cadeau de la nature...


Amicalement...NL


----------------
La Poésie ça sert à faire du bien...
ça dénoue le négatif...
et ça devrait être remboursé par la sécurité sociale...

anonyme
Envoyé le :  16/9/2017 7:57
Re: Les fleurs ....juges de l'Humain....!
Bonjour Matogrosso, un joli poème qui vient fleuris cette page d'oasis.
Amitié.

Capricorne
matogrosso
Envoyé le :  16/9/2017 20:11
Plume de platine
Inscrit le: 2/9/2015
De:
Envois: 6726
Re: Les fleurs ....juges de l'Humain....!
Ce que disent les fleurs



GEORGE SAND



si vous voulez prendre le temps de lire???


MG







Quand j'étais enfant, ma chère Aurore, j'étais très tourmentée de ne pouvoir saisir ce que les fleurs se disaient entre elles. Mon professeur de botanique m'assurait qu'elles ne disaient rien ; soit qu'il fût sourd, soit qu'il ne voulût pas me dire la vérité, il jurait qu'elles ne disaient rien du tout.
Je savais bien le contraire. Je les entendais babiller confusément, surtout à la rosée du soir ; mais elles parlaient trop bas pour que je pusse distinguer leurs paroles ; et puis elles étaient méfiantes, et, quand je passais près des plates-bandes du jardin ou sur le sentier du pré, elles s'avertissaient par une espèce de psitt, qui courait de l'une à l'autre. C'était comme si l'on eût dit sur toute la ligne : " Attention, taisons-nous ! voilà l'enfant curieux qui nous écoute ".
Je m'y obstinai. Je m'exerçai à marcher si doucement, sans frôler le plus petit brin d'herbe, qu'elles ne m'entendirent plus et que je pus m'avancer tout près, tout près ; alors, en me baissant sous l'ombre des arbres pour qu'elles ne vissent pas la mienne, je saisis enfin des paroles articulées.
Il fallait beaucoup d'attention ; c'était de si petites voix, si douces, si fines, que la moindre brise les emportait et que le bourdonnement des sphinx et des noctuelles les couvrait absolument.
Je ne sais pas quelle langue elles parlaient. Ce n'était ni le français, ni le latin qu'on m'apprenait alors ; mais il se trouva que je comprenais fort bien. Il me sembla même que je comprenais mieux ce langage que tout ce que j'avais entendu jusqu'alors.
Un soir, je réussis à me coucher sur le sable et à ne plus rien perdre de ce qui se disait auprès de moi dans un coin bien abrité du parterre. Comme tout le monde parlait dans tout le jardin, il ne fallait pas s'amuser à vouloir surprendre plus d'un secret en une fois. Je me tins donc là bien tranquille, et voici ce que j'entendis dans les coquelicots :
– Mesdames et messieurs, il est temps d'en finir avec cette platitude. Toutes les plantes sont également nobles ; notre famille ne le cède à aucune autre, et, accepte qui voudra la royauté de la rose, je déclare que j'en ai assez et que je ne reconnais à personne le droit de se dire mieux né et plus titré que moi.
A quoi les marguerites répondirent toutes ensemble que l'orateur coquelicot avait raison. Une d'elles, qui était plus grande que les autres et fort belle, demanda la parole et dit :
– Je n'ai jamais compris les grands airs que prend la famille des roses. En quoi, je vous le demande, une rose est-elle plus jolie et mieux faite que moi ? La nature et l'art se sont entendus pour multiplier le nombre de nos pétales et l'éclat de nos couleurs. Nous sommes même beaucoup plus riches, car la plus belle rose n'a guère plus de deux cents pétales et nous en avons jusqu'à cinq cents. Quant aux couleurs, nous avons le violet et presque le bleu pur que la rose ne trouvera jamais.
– Moi, dit un grand pied d'alouette vivace, moi le prince Delphinium, j'ai l'azur des cieux dans ma corolle, et mes nombreux parents ont toutes les nuances du rose. La prétendue reine des fleurs a donc beaucoup à nous envier, et, quant à son parfum si vanté...
– Ne parlez pas de cela, reprit vivement le coquelicot. Les hâbleries du parfum me portent sur les nerfs. Qu'est-ce, je vous prie, que le parfum ? Une convention établie par les jardiniers et les papillons. Moi, je trouve que la rose sent mauvais et que c'est moi qui embaume.
– Nous ne sentons rien, dit la marguerite, et je crois que par là nous faisons preuve de tenue et de bon goût. Les odeurs sont des indiscrétions ou des vanteries. Une plante qui se respecte ne s'annonce point par des émanations. Sa beauté doit lui suffire.
– Je ne suis pas de votre avis, s'écria un gros pavot qui sentait très fort. Les odeurs annoncent l'esprit et la santé.
Les rires couvrirent la voix du gros pavot. Les oeillets s'en tenaient les côtes et les résédas se pâmaient. Mais, au lieu de se fâcher, il se remit à critiquer la forme et la couleur de la rose qui ne pouvait répondre ; tous les rosiers venaient d'être taillés et les pousses remontantes n'avaient encore que de petits boutons bien serrés dans leurs langes verts. Une pensée fort richement vêtue critiqua amèrement les fleurs doubles, et, comme celles-ci étaient en majorité dans le parterre, on commença à se fâcher. Mais il y avait tant de jalousie contre la rose, qu'on se réconcilia pour la railler et la dénigrer. La pensée eut même du succès quand elle compara la rose à un gros chou pommé, donnant la préférence à celui-ci à cause de sa taille et de son utilité. Les sottises que j'entendais m'exaspérèrent et, tout à coup, parlant leur langue :
– Taisez-vous, m'écriai-je en donnant un coup de pied à ces sottes fleurs. Vous ne dites rien qui vaille. Moi qui m'imaginais entendre ici des merveilles de poésie, quelle déception vous me causez avec vos rivalités, vos vanités et votre basse envie !
Il se fit un profond silence et je sortis du parterre.
– Voyons donc, me disais-je, si les plantes rustiques ont plus de bon sens que ces péronnelles cultivées, qui en recevant de nous une beauté d'emprunt, semblent avoir pris nos préjugés et nos travers.
Je me glissai dans l'ombre de la haie touffue, me dirigeant vers la prairie ; je voulais savoir si les spirées qu'on appelle reine des prés avaient aussi de l'orgueil et de l'envie. Mais je m'arrêtai auprès d'un grand églantier dont toutes les fleurs parlaient ensemble.
– Tâchons de savoir, pensai-je, si la rose sauvage dénigre la rose à cent feuilles et méprise la rose pompon.
Il faut vous dire que, dans mon enfance, on n'avait pas créé toutes ces variétés de roses que les jardiniers savants ont réussi à produire depuis, par la greffe et les semis. La nature n'en était pas plus pauvre pour cela. Nos buissons étaient remplis de variétés nombreuses de roses à l'état rustique : la canina, ainsi nommée parce qu'on la croyait un remède contre la morsure des chiens enragés ; la rose canelle, la musquée, la rubiginosa ou rouillée, qui est une des plus jolies ; la rose pimprenelle, la tomentosa ou cotonneuse, la rose alpine, etc., etc. Puis, dans les jardins nous avions des espèces charmantes à peu près perdues aujourd'hui, une panachée rouge et blanc qui n'était pas très fournie en pétales, mais qui montrait sa couronne d'étamines d'un beau jaune vif et qui avait le parfum de la bergamotte. Elle était rustique au possible, ne craignant ni les étés secs ni les hivers rudes ; la rose pompon, grand et petit modèle, qui est devenue excessivement rare ; la petite rose de mai, la plus précoce et peut-être la plus parfumée de toutes, qu'on demanderait en vain aujourd'hui dans le commerce, la rose de Damas ou de Provins que nous savions utiliser et qu'on est obligé, à présent, de demander au midi de la France ; enfin, la rose à cent feuilles ou, pour mieux dire, à cent pétales, dont la patrie est inconnue et que l'on attribue généralement à la culture.
C'est cette rose centifolia qui était alors, pour moi comme pour tout le monde, l'idéal de la rose, et je n'étais pas persuadée, comme l'était mon précepteur, qu'elle fût un monstre dû à la science des jardiniers. Je lisais dans mes poètes que la rose était de toute antiquité le type de la beauté et du parfum. A coup sûr, ils ne connaissaient pas nos roses thé qui ne sentent plus la rose, et toutes ces variétés charmantes qui, de nos jours, ont diversifié à l'infini, mais en l'altérant essentiellement, le vrai type de la rose. On m'enseignait alors la botanique. Je n'y mordais qu'à ma façon. J'avais l'odorat fin et je voulais que le parfum fût un des caractères essentiels de la plante ; mon professeur, qui prenait du tabac, ne m'accordait pas ce critérium de classification. Il ne sentait plus que le tabac, et, quand il flairait une autre plante, il lui communiquait des propriétés sternutatoires tout à fait avilissantes. J'écoutai donc de toutes mes oreilles ce que disaient les églantiers au-dessus de ma tête, car, dès les premiers mots que je pus saisir, je vis qu'ils parlaient des origines de la rose.
– Reste ici, doux zéphyr, disaient-ils, nous sommes fleuris. Les belles roses du parterre dorment encore dans leurs boutons verts. Vois, nous sommes fraîches et riantes, et, si tu nous berces un peu, nous allons répandre des parfums aussi suaves que ceux de notre illustre reine.
J'entendis alors le zéphyr qui disait :
– Taisez-vous, vous n'êtes que des enfants du Nord. Je veux bien causer un instant avec vous, mais n'ayez pas l'orgueil de vous égaler à la reine des fleurs.
– Cher zéphyr, nous la respectons et nous l'adorons, répondirent les fleurs de l'églantier ; nous savons comme les autres fleurs du jardin en sont jalouses. Elles prétendent qu'elle n'est rien de plus que nous, qu'elle est fille de l'églantier et ne doit sa beauté qu'à la greffe et à la culture. Nous sommes des ignorantes et ne savons pas répondre. Dis-nous, toi qui es plus ancien que nous sur la terre, si tu connais la véritable origine de la rose.
– Je vous la dirai, car c'est ma propre histoire ; écoutez-la, et ne l'oubliez jamais.
Et le zéphyr raconta ceci :
– Au temps où les êtres et les choses de l'univers parlaient encore la langue des dieux, j'étais le fils aîné du roi des orages. Mes ailes noires touchaient les deux extrémités des plus vastes horizons, ma chevelure immense s'emmêlait aux nuages. Mon aspect était épouvantable et sublime, j'avais le pouvoir de rassembler les nuées du couchant et de les étendre comme un voile impénétrable entre la terre et le soleil.
Longtemps je régnai avec mon père et mes frères sur la planète inféconde. Notre mission était de détruire et de bouleverser. Mes frères et moi, déchaînés sur tous les points de ce misérable petit monde, nous semblions ne devoir jamais permettre à la vie de paraître sur cette scorie informe que nous appelons aujourd'hui la terre des vivants. J'étais le plus robuste et le plus furieux de tous. Quand le roi mon père était las, il s'étendait sur le sommet des nuées et se reposait sur moi du soin de continuer l'oeuvre de l'implacable destruction. Mais, au sein de cette terre, inerte encore, s'agitait un esprit, une divinité puissante, l'esprit de la vie, qui voulait être, et qui, brisant les montagnes, comblant les mers, entassant les poussières, se mit un jour à surgir de toutes parts. Nos efforts redoublèrent et ne servirent qu'à hâter l'éclosion d'une foule d'êtres qui nous échappaient par leur petitesse ou nous résistaient par leur faiblesse même ; d'humbles plantes flexibles, de minces coquillages flottants prenaient place sur la croûte encore tiède de l'écorce terrestre, dans les limons, dans les eaux, dans les détritus de tout genre. Nous roulions en vain les flots furieux sur ces créations ébauchées. La vie naissait et apparaissait sans cesse sous des formes nouvelles, comme si le génie patient et inventif de la création eût résolu d'adapter les organes et les besoins de tous les êtres au milieu tourmenté que nous leur faisions.
Nous commencions à nous lasser de cette résistance passive en apparence, irréductible en réalité. Nous détruisons des races entières d'êtres vivants, d'autres apparaissaient organisés pour nous subir sans mourir. Nous étions épuisés de rage. Nous nous retirâmes sur le sommet des nuées pour délibérer et demander à notre père des forces nouvelles.
Pendant qu'il nous donnait de nouveaux ordres, la terre un instant délivrée de nos fureurs se couvrit de plantes innombrables où des myriades d'animaux, ingénieusement conformés dans leurs différents types, cherchèrent leur abri et leur nourriture dans d'immenses forêts ou sur les flancs de puissantes montagnes, ainsi que dans les eaux épurées de lacs immenses.
– Allez, nous dit mon père, le roi des orages, voici la terre qui s'est parée comme une fiancée pour épouser le soleil. Mettez-vous entre eux. Entassez les nuées énormes, mugissez, et que votre souffle renverse les forêts, aplanisse les monts et déchaîne les mers. Allez, et ne revenez pas, tant qu'il y aura encore un être vivant, une plante debout sur cette arène maudite où la vie prétend s'établir en dépit de nous.
Nous nous dispersâmes comme une semence de mort sur les deux hémisphères, et moi, fendant comme un aigle le rideau des nuages, je m'abattis sur les antiques contrées de l'extrême Orient, là où de profondes dépressions du haut plateau asiatique s'abaissant vers la mer sous un ciel de feu, font éclore, au sein d'une humidité énergique, les plantes gigantesques et les animaux redoutables. J'étais reposé des fatigues subies, je me sentais doué d'une force incommensurable, j'étais fier d'apporter le désordre et la mort à tous ces faibles qui semblaient me braver. D'un coup d'aile, je rasais toute une contrée ; d'un souffle, j'abattais toute une forêt, et je sentais en moi une joie aveugle, enivrée, la joie d'être plus fort que toutes les forces de la nature.
Tout à coup un parfum passa en moi comme par une aspiration inconnue à mes organes, et, surpris d'une sensation si nouvelle, je m'arrêtai pour m'en rendre compte. Je vis alors pour la première fois un être qui était apparu sur la terre en mon absence, un être frais, délicat, imperceptible, la rose !
Je fondis sur elle pour l'écraser. Elle plia, se coucha sur l'herbe et me dit :
– Prends pitié ! je suis si belle et si douce ! respire-moi, tu m'épargneras.
Je la respirai et une ivresse soudaine abattit ma fureur. Je me couchai sur l'herbe et je m'endormis auprès d'elle.
Quand je m'éveillai, la rose s'était relevée et se balançait mollement, bercée par mon haleine apaisée.
– Sois mon ami, me dit-elle. Ne me quitte plus. Quand tes ailes terribles sont pliées, je t'aime et te trouve beau. Sans doute tu es le roi de la forêt. Ton souffle adouci est un chant délicieux. Reste avec moi, ou prends-moi avec toi, afin que j'aille voir de plus près le soleil et les nuages.
Je mis la rose dans mon sein et je m'envolai avec elle. Mais bientôt il me sembla qu'elle se flétrissait ; alanguie, elle ne pouvait plus me parler ; son parfum, cependant, continuait à me charmer, et moi, craignant de l'anéantir, je volais doucement, je caressais la cime des arbres, j'évitais le moindre choc. Je remontai ainsi avec précaution jusqu'au palais de nuées sombres où m'attendait mon père.
– Que veux-tu ? me dit-il, et pourquoi as-tu laissé debout cette forêt que je vois encore sur les rivages de l'Inde ? Retourne l'exterminer au plus vite.
– Oui, répondis-je en lui montrant la rose, mais laisse-moi te confier ce trésor que je veux sauver.
– Sauver ! s'écria-t-il en rugissant de colère ; tu veux sauver quelque chose ?
Et, d'un souffle, il arracha de ma main la rose, qui disparut dans l'espace en semant ses pétales flétries.
Je m'élançai pour ressaisir au moins un vestige ; mais le roi, irrité et implacable, me saisit à mon tour, me coucha, la poitrine sur mon genou, et, avec violence, m'arracha mes ailes, dont les plumes allèrent dans l'espace rejoindre les feuilles dispersées de la rose.
– Misérable enfant, me dit-il, tu as connu la pitié, tu n'es plus mon fils. Va-t'en rejoindre sur la terre le funeste esprit de la vie qui me brave, nous verrons s'il fera de toi quelque chose, à présent que, grâce à moi, tu n'es plus rien.
Et, me lançant dans les abîmes du vide, il m'oublia à jamais.
Je roulai jusqu'à la clairière et me trouvai anéanti à côté de la rose, plus riante et plus embaumée que jamais.
– Quel est ce prodige ? Je te croyais morte et je te pleurais. As-tu le don de renaître après la mort ?
– Oui, répondit-elle, comme toutes les créatures que l'esprit de vie féconde. Vois ces boutons qui m'environnent. Ce soir, j'aurai perdu mon éclat et je travaillerai à mon renouvellement, tandis que mes soeurs te charmeront de leur beauté et te verseront les parfums de leur journée de fête. Reste avec nous ; n'es-tu pas notre compagnon et notre ami ?
J'étais si humilié de ma déchéance, que j'arrosais de mes larmes cette terre à laquelle je me sentais à jamais rivé. L'esprit de la vie sentit mes pleurs et s'en émut. Il m'apparut sous la forme d'un ange radieux et me dit :
– Tu as connu la pitié, tu as eu pitié de la rose, je veux avoir pitié de toi. Ton père est puissant, mais je le suis plus que lui, car il peut détruire et, moi, je peux créer.
En parlant ainsi, l'être brillant me toucha et mon corps devint celui d'un bel enfant avec un visage semblable au coloris de la rose. Des ailes de papillon sortirent de mes épaules et je me mis à voltiger avec délices.
– Reste avec les fleurs, sous le frais abri des forêts, me dit la fée. A présent, ces dômes de verdure te cacheront et te protégeront. Plus tard, quand j'aurai vaincu la rage des éléments, tu pourras parcourir la terre, où tu seras béni par les hommes et chanté par les poètes. - Quant à toi, rose charmante qui, la première as su désarmer la fureur par la beauté, sois le signe de la future réconciliation des forces aujourd'hui ennemies de la nature. Tu seras aussi l'enseignement des races futures, car ces races civilisées voudront faire servir toutes choses à leurs besoins. Mes dons les plus précieux, la grâce, la douceur et la beauté risqueront de leur sembler d'une moindre valeur que la richesse et la force. Apprends-leur, aimable rose, que la plus grande et la plus légitime puissance est celle qui charme et réconcilie. Je te donne ici un titre que les siècles futurs n'oseront pas t'ôter. Je te proclame reine des fleurs ; les royautés que j'institue sont divines et n'ont qu'un moyen d'action, le charme.
Depuis ce jour, j'ai vécu en paix avec le ciel, chéri des hommes, des animaux et des plantes ; ma libre et divine origine me laisse le choix de résider où il me plaît mais je suis trop l'ami de la terre et le serviteur de la vie à laquelle mon souffle bienfaisant contribue, pour quitter cette terre chérie où mon premier et éternel amour me retient. Oui mes chères petites, je suis le fidèle amant de la rose et par conséquent votre frère et votre ami".
– En ce cas, s'écrièrent toutes les petites roses de l'églantier, donne-nous le bal et réjouissons-nous en chantant les louanges de madame la reine, la rose à cent feuilles de l'Orient.
Le zéphyr agita ses jolies ailes et ce fut au-dessus de ma tête une danse effrénée, accompagnée de frôlements de branches et de claquement de feuilles en guise de timbales et de castagnettes : il arriva bien à quelques petites folles de déchirer leur robe de bal et de semer leurs pétales dans mes cheveux ; mais elles n'y firent pas attention et dansèrent de plus belle en chantant :
– Vive la belle rose dont la douceur a vaincu le fils des orages ! vive le bon zéphyr qui est resté l'ami des fleurs !
Quand je racontai à mon précepteur ce que j'avais entendu, il déclara que j'étais malade et qu'il fallait m'administrer un purgatif. Mais ma grand'mère m'en préserva en lui disant :
– Je vous plains si vous n'avez jamais entendu ce que disent les roses. Quant à moi, je regrette le temps où je l'entendais. C'est une faculté de l'enfance. Prenez garde de confondre les facultés avec les maladies !


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"il est conseillé de toujours répondre aux imbéciles par le silence"!

multani
Envoyé le :  16/9/2017 20:23
Plume de platine
Inscrit le: 23/7/2017
De:
Envois: 3734
Re: Les fleurs ....juges de l'Humain....!
C'est vrai , elles parlent les fleurs , les roses , elles vont au bal merci

Multani
franie
Envoyé le :  16/9/2017 20:54
Modératrice
Inscrit le: 28/5/2012
De: BRETAGNE
Envois: 38893
Re: Les fleurs ....jugent l'Humain....!
Bonsoir Matogrosso

Un beau poème qui appellent à la réflexion. Nous avons bien des leçons à tirer de la nature, elle plus intelligente que nous le pensons...

Amicalement Franie


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poete1947
Envoyé le :  16/9/2017 21:14
Plume de platine
Inscrit le: 26/6/2005
De: Bruxelles centre belgique
Envois: 9854
Re: Les fleurs ....jugent l'Humain....!
c'est vrais matogrosso la nature parle regarde en automne elle s'endorme jusqu'au printemps et le froid ne les tue pas elle nous revienne toujours plus belle très joli poème

mes amitiés j c


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http://www.mespoemes.net/poete47/
"Aimer ce n'est pas se regarder l'un l'autre mais c'est regarder ENSEMBLE dans la même direction" Saint Exupéry"

Denise12
Envoyé le :  16/9/2017 21:59
Plume de diamant
Inscrit le: 20/6/2015
De:
Envois: 21279
Re: Les fleurs ....jugent l'Humain....!
un jour Matogrosso je les ai entendu
merci pour ce superbe et touchant partage
bonne soirée
le Québec vous salut
Denise
Sybilla
Envoyé le :  16/9/2017 22:08
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
Envois: 95302
Re: Les fleurs ....jugent l'Humain....!


Bonsoir Mattogrosso,

En relecture de ta très belle poésie !



Bonne soirée !
Toutes mes amitiés
Sybilla


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Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates "réelles" de parution.


Le rêve est le poumon de ma vie (citation de Sybilla)

daniel46
Envoyé le :  16/9/2017 22:33
Plume de platine
Inscrit le: 5/7/2005
De: Hauts de France
Envois: 7380
Re: Les fleurs ....jugent l'Humain....!
Tout ce que tu dis dans ce magnifique poème est vrai et superbement écrit.

Les plantes sont des êtres vivants, perceptifs, capables de communiquer entre elles et avec des espèces animales. Ce n'est pas parce qu'on ne déchiffre pas entièrement leur langage et qu'on ne repère pas forcément leur sens de perception qu'elles n'en ont pas. Mais un certain nombre sont radicalement différents de ceux existants chez les animaux. Les plantes sont sensibles au sons qualitativement et quantitativement. Elles ont une forme de mémoire. Elles communiquent entre elles pour se prévenir de dangers et développer des défenses adaptées. Elles ont inventé, avec les bactéries et les champignons des antibiotiques efficaces contre certaines de leurs bactéries ennemies bien avant que les humains ne les découvrent et les copient. Elles communiquent avec les insectes par des couleurs et des parfums et ceux-ci les aident à leur fécondation. les collaborations inter-espèces sont multiples.

Pour avoir vécu une expérience très particulière et unique dans ma vie, et bien que biologiste de formation, donc ayant eu une formation scientifique rationnelle, je crois que les plantes peuvent éprouver des sentiments et qu'elles peuvent mourir de chagrin si une personne qui les aime beaucoup et s'occupe bien d'elle disparait.

Dans ces conditions, tout ce que tu décris devient clair, évident. Il faut sortir de son anthropocentrisme forcené et se dire que toutes les créatures vivantes, même les plus élémentaires, ont des choses à nous apprendre sur ce sujet.... en fait, l'homme, qui s'enorgueillit sottement d'être le seul à penser, n'est qu'un être vivant comme un autre, qui a développé ou perfectionné spécifiquement certains récepteurs. Il ne faut pas penser que nos cinq sens soient les seuls qui existent dans le phénomène de la vie. La seiche parle parfaitement à l'aide de changement de couleur de la surface de sa peau réalisés en fractions de secondes et communique ainsi avec ses congénères.

Essayons d'en faire autant et nous nous rendrons compte tout de suite que l'homme, avec les progrès actuels de la connaissance dans ces domaines, ne peut plus être le centre du monde et l'oméga de l'évolution... il évolue comme les autres espèces et disparaîtra, quoi qu'il puisse faire... et son successeur comme espèce régnante sera peut être un modeste insecte, une plante, un champignon colonial ou même une bactérie....

merci pour ce beau poème qui incite à la réflexion et à l'humilité.


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Science sans conscience n'est que ruine de l'âme (Rabelais)

Nacy
Envoyé le :  17/9/2017 0:51
Plume d'or
Inscrit le: 27/4/2013
De:
Envois: 1204
Re: Les fleurs ....jugent l'Humain....!
Les fleurs embellissent nos jardins
Aiment se trouver entre de bonnes mains
Et nous offrent de doux parfum

bravo
Amira
Bellosogno
Envoyé le :  17/9/2017 2:33
Plume de platine
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De:
Envois: 2797
Re: Les fleurs ....jugent l'Humain....!
Un titre très original et intéressant... à méditer...

L'humain saccage mais le nature reprends toujours le dessus, c'est le cycle encore actuel...

Les fleurs sont nos reines de nature car on ne peut s'en passer, une poésie sympa à lire


Amitiés


Pascal
Dinou
Envoyé le :  17/9/2017 10:58
Plume de platine
Inscrit le: 11/4/2015
De: aux cieux ...
Envois: 3261
Re: Les fleurs ....jugent l'Humain....!
Elles poussent en son cœur je pense !


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Mes amitiés.

(©)

https://www.artmajeur.com/fr/art-gallery/portfolio/jouennedaniel



https://www.youtube.com/watch?v=OBfdzOVUkuU&feature=share

Un chemin de la vie en rencontre un autre (Daniel) Ciel.

L'Art premier n'est-il pas d'aim...

berrichonne
Envoyé le :  17/9/2017 16:58
Plume de diamant
Inscrit le: 17/6/2008
De:
Envois: 16953
Re: Les fleurs de la nature....nous disent....
Quel pouvoir tu leur donnes aux fleurs MG. Ta plume odorante ne se lasse pas de les encenser et c'est un bouquet de plaisir avec en sus, un magnifique texte de G. Sand. Nous sommes gâtés.

Mes amicales pensées, et puis tiens, un sourire en plus.

Michèle


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La vie est belle il faut savoir l'apprécier.

yoledelatole4
Envoyé le :  17/9/2017 18:03
Modérateur
Inscrit le: 15/3/2010
De: là où personne ne revient ....
Envois: 31966
Re: Les fleurs ....jugent l'Humain....!
Un magnifique texte et une très juste réflexion , sans jeux de mots faciles nous devrions en prendre de la graine et écouter notre terre et sa nature mais l'homme en est-il capable ? sait-il écouter ?
Bravo , c'est très beau
mes amitiés
Yohann


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la nostalgie est un bouquet de fleurs enfoui au fond de votre coeur ,
qui vous embaume quand remontent les souvenirs du bonheur ,
yohann

matogrosso
Envoyé le :  18/9/2017 2:27
Plume de platine
Inscrit le: 2/9/2015
De:
Envois: 6726
Re: Les fleurs ....jugent l'Humain....!
MERCI BEAUCOUP


à toutes et à tous

de vos commentaires très élogieux

je pense que tout le monde a compris que j'ai mis en scène les fleurs pour juger les bipédes à la morale incertaine!!!

Merci particulier à DANIEL46 pour son commentaire très éclairé et très élaboré!!!


bonne semaine


amitiés


MG


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"il est conseillé de toujours répondre aux imbéciles par le silence"!

EvilFranck
Envoyé le :  18/9/2017 10:36
Plume de diamant
Inscrit le: 8/7/2013
De: Pandore
Envois: 69060
Re: Les fleurs ....jugent l'Humain....!
Bonjour matogrosso, très belle et grande réflexion poétique sur l'humanité jamais satisfaite de ce qu'elle a

Amitiés
parfundoux
Envoyé le :  18/9/2017 22:21
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 14/11/2006
De:
Envois: 13534
Re: Les fleurs ....jugent l'Humain....!
J'aime bien la réflexion, sur le devenir, l'évolution de toutes espèces. Les fleurs pour exprimer ta pensée. C'est fort ! Bravo.


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Voici mon recueil de poésie 2017.

matogrosso
Envoyé le :  22/9/2017 2:05
Plume de platine
Inscrit le: 2/9/2015
De:
Envois: 6726
Re: Les fleurs ....jugent l'Humain....!
MERCI A




EVILFRANCK


ET A


PARFUNDOUX!!




amitiés


MG


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"il est conseillé de toujours répondre aux imbéciles par le silence"!

ISABELLE59
Envoyé le :  22/9/2017 8:38
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 14/12/2011
De: DUNKERQUE
Envois: 20534
Re: Les fleurs ....jugent l'Humain....!
c'est une intéressante très intéressante lecture, une superbe réflexion... qu'il faut lire.. et bien lire..
les fleurs ont un langage, et jugent l'humain sans aucun doute;... et si l'on tend bien l'oreille on peut les entendre chuchoter....mais il faut bien écouter... et ne pas se laisser déconcentrer par la vie.. et son empressement...


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matogrosso
Envoyé le :  26/9/2017 2:17
Plume de platine
Inscrit le: 2/9/2015
De:
Envois: 6726
Re: Les fleurs ....jugent l'Humain....!
merci de ce superbe commentaire ma chère ISABELLE 59



c'est vrai....il faut bien lire!!! Mais toi tu as TOUT bien compris!!!



amitiés


MG


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"il est conseillé de toujours répondre aux imbéciles par le silence"!

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