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     Une Mauvaise Nouvelle ? [Nouvelle]
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Expéditeur Conversation
celineb
Envoyé le :  15/9/2017 21:31
Plume de platine
Inscrit le: 8/4/2017
De: Hauts-de-France
Envois: 4456
Une Mauvaise Nouvelle ? [Nouvelle]
Une Mauvaise Nouvelle ?

   Jérémy dormait tard le dimanche. Il faisait la grasse matinée ce jour-là avec un bonheur chaque semaine renouvelé. Toutefois, ce matin-là, il se réveilla à huit heures, sans l’aide de son réveil. La lumière filtrait à travers les persiennes de la fenêtre. Allait-il se lever ? Dormirait-il encore un peu ? Il opta pour la solution courageuse. Il sortit du lit en s’étirant. Tout était calme. Ses parents devaient être en bas, à déguster leur petit-déjeuner. Ils aimaient tous les deux se réveiller de bonne heure. Jérémy descendit l’escalier du pavillon en souriant. Il aimait bien ses parents. Quoique âgé de vingt-deux ans, il vivait encore avec eux, du fait d’études interminables.

   A sa grande surprise, au rez-de-chaussée, il n’y avait personne. Tout était désert, tranquille. Il remonta à pas de loup l’escalier. Ses parents n’avaient pas dû entendre leur réveil. Il se ferait un plaisir de les surprendre en les taquinant un peu. En poussant la porte de leur chambre, il eut l’immense surprise de constater qu’il n’y avait personne. Où pouvaient-ils bien être ? Il commença à s’inquiéter.  

   Jérémy fit le tour de la maison avec soin, pièce après pièce. Il alla au garage, constatant que le véhicule familial était toujours là. Il passa dans la buanderie, la cuisine. Il chercha dans tout le logement un mot de ses parents l’informant de leur sortie, en vain. Il était à présent très anxieux.

   Il s’habilla rapidement, négligeant son petit déjeuner. Il sortit en hâte de la maison. Où étaient ses parents ? Il réalisa que quelque chose n’allait pas : il n’y avait strictement personne autour de la maison familiale, ni dans la rue, ni dans les jardins adjacents, ni au carrefour, à deux pas de là. Un silence plombé pesait sur le quartier tout entier.

   Il était seul, complètement isolé. Il n’y avait âme qui vive dans les environs, pas même un chien. Seulement des véhicules de toute taille, certains laissés les portières ouvertes, le moteur allumé. Ce n’était pas possible ! Il devait rêver ! Il alla en courant jusqu’au rivage, qui s’étendait magnifiquement à deux cents mètres environ du pavillon familial. Là encore, il n’y avait aucun plaisancier, touriste ou promeneur matinal. Des bateaux à l’ancre se balançaient paresseusement sur les flots, accrochés par leur chaîne aux pontons. Tout était désert.

   Le jeune homme pensa devenir fou. Son angoisse devenait insupportable. Les commerces du petit port de plaisance étaient ouverts à cette heure de la matinée. Il s’y engouffra en coup de vent. Mais eux aussi étaient déserts. Les étals étaient remplis, les rayons surchargés, mais personne n’était là, ni pour servir les clients, ni pour surveiller les marchandises.

   L’idée qu’il était seul au monde s’imposait peu à peu à lui. Il visita les commerces de fond en comble, appartements privés compris, personne ! Il monta à bord des bateaux de plaisance, visita les cabines, personne ! Il s’empara d’une paire de jumelles marines, regarda tout autour de lui. Pas un être humain à l’horizon, ni sur mer, ni à terre. Il eut l’idée d’écouter les stations de radio. Il trouva facilement un poste dans une cabine qui semblait comme abandonnée. Mais il n’y avait aucun programme. C’était le silence total sur les ondes.

   Épuise, il s’assit sur un banc public face à la mer. Les grands rouleaux blancs s’écrasaient en douceur sur le rivage, comme ils l’avaient toujours fait. Des oiseaux poussaient des cris perçants un peu plus loin, très affairés, se disputant un poisson mort. Le vent soufflait doucement, petite brise matinale agréable, par cette belle journée d’été.

   Il ne voulut pas se résigner à ce qui semblait se présenter comme une évidence, sa solitude immense. Il se glissa dans une voiture garée au bord d’un trottoir et dont le moteur tournait au ralenti. Il explora la petite station balnéaire de fond en comble. Partout des maisons abandonnées, des véhicules laissés pour compte. Il voulut savoir si ce phénomène épouvantable était le même ailleurs. Il poussa jusqu’à la grande ville, à une quinzaine de kilomètres. C’était la même chose. Il était seul, complètement seul, unique être humain entouré d’objets abandonnés.

   Jérémy revint tristement jusqu’à la maison de ses parents, gara son véhicule d’emprunt dans la petite rue familière et remonta dans sa chambre. N’ayant pas dîné depuis la veille au soir, il était affaibli mais néanmoins lucide. Que s’était-il passé ? Pourquoi tous ces êtres avaient-ils disparu ? Pourquoi était-il l’unique survivant ? Que pouvait-il faire ? Se supprimer ? Pourquoi pas ? Comment vivre en étant totalement seul, dans un désert affectif et matériel ? L’être humain ne peut exister isolé, c’est un être sociable, qui a besoin des autres. Et ses parents, qu’il aimait tendrement, comment se résigner à leur perte si soudaine ? Il se mit à pleurer.

   Au bout d’un moment, ses larmes se tarirent. Il se mit à réfléchir. Son avenir était bien sombre, désespérant. Ou pas. Et s’il refusait de se laisser aller ? Après tout, il n’avait plus rien à perdre. Il vivrait, puisqu’il y était condamné, en essayant de faire de son mieux dans cette nouvelle existence. Il conduirait ces voitures puissantes abandonnées, irait s’amuser sur ces yachts de luxe, désormais à sa portée, pourrait se servir à volonté dans tous les magasins comme il le souhaitait, s’installerait dans une de ces villas luxueuses du bord de mer. Il aurait une belle vie, oisive, tranquille, une vie de prince, en quelque sorte.

   Le prince de la Terre, ce serait son titre. Il était le seul survivant sur la planète ? Soit ! Il en serait le roi ! Il se mit à sourire. Son appétit se réveilla. Il descendit manger quelque chose à la cuisine. Bientôt, ce serait dans un palais qu’il prendrait son petit déjeuner. Piscine privée dans la matinée, déjeuner dans un palace, après-midi sportive au volant d’un bolide des mers. Il ferma les yeux pour se concentrer sur le spectacle de cet avenir merveilleux qui l’attendait.

   Une sonnerie stridente le réveilla brutalement. Le réveil marquait dix heures, l’heure à laquelle il se réveillait tous les dimanches. Il ouvrit les yeux, il était dans son lit, couché, tranquille. Il vit sa mère apparaître dans l’encadrement de la porte.

- « Eh bien, paresseux ! Un grand sourire rayonnait sur ses lèvres. Il est dix heures ! Tu as assez dormi ! Finis, les rêves, bons ou mauvais. Je t'ai préparé des crêpes pour le petit déjeuner. Descends vite ! »

   Jérémy ne se le fit pas dire deux fois. Il se leva rapidement, dévala les escaliers du petit pavillon familial et s’installa à la table de la cuisine. Il avait donc rêvé. Il n’aurait droit, comme tout le monde, qu’à une vie normale, une vie ordinaire, mais tellement riche, en fait, de petits bonheurs de toutes sortes.

- « Ah ! si tu savais quelle nuit j'ai passé, maman ! » fit-il en souriant.

FIN
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