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     Les Quatre Fils d’Horus [Nouvelle]
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Expéditeur Conversation
celineb
Envoyé le :  8/9/2017 7:50
Plume de platine
Inscrit le: 8/4/2017
De: Hauts-de-France
Envois: 4456
Les Quatre Fils d’Horus [Nouvelle]
Les Quatre Fils d’Horus



Ils étaient quatre. Quatre vases canopes à têtes humaine ou animale, des curiosités de magasin d’antiquités auxquelles ne pouvait résister Tom. Au cours d’une promenade au marché aux Puces de Saint-Ouen, il s’était immobilisé brutalement devant une vitrine brillamment éclairée. Au fond de celle-ci, il avait repéré quatre petites statuettes anciennes, tout à fait bizarres. Intrigué, il était entré dans le magasin pour se renseigner.

Il avait appris qu’il s’agissait d’urnes funéraires égyptiennes, à l’authenticité garantie. Elles étaient utilisées pour les embaumements.  Ces vases étaient toujours au nombre de quatre et recevaient les viscères des personnes décédées. Des hiéroglyphes mystérieux apparaissaient nettement sur leur paroi mate. Tom n’appréciait pas particulièrement l’art funéraire, le trouvant un peu morbide, mais il adorait l’Egypte ancienne et sa symbolique. Et ces précieux canopes avaient une valeur symbolique très puissante. Chacun était associé à l’un des quatre fils d'Horus. Il y avait Amset à tête humaine, Douamoutef à tête de chacal, Hâpi à tête de babouin et Qebehsenouf à tête de faucon.

Tom était fasciné par ces merveilles de l’art égyptien. Il les acheta sans discuter leur prix avec le commerçant et partit bien vite chez lui pour les installer en place d’honneur. Pendant le trajet vers son domicile, une recommandation du marchand lui trotta un instant dans la tête : il ne fallait surtout pas séparer les quatre récipients ; rassemblés, leur pouvoir se neutralisait. Qu’est-ce que cela pouvait bien signifier ? Quel pouvoir ? Sornettes de vieillard sénile, sans doute, pensa Tom assez cavalièrement.

Revenu chez lui, dans un bel appartement du dixième arrondissement de Paris, Tom eut l’idée de disposer un vase dans chaque pièce. Ainsi, où qu’il aille, ces merveilles égyptiennes lui tiendraient compagnie. Il se sentait bien seul parfois et ce manque affectif l’avait entraîné dans de bien curieuses directions. Ne s’était-il pas entiché récemment d’un perroquet bleu et or, au point quasiment de lui sacrifier sa vie ? Heureusement, son ami Jérémy l’avait aidé à reprendre ses esprits.

Il passa la soirée tranquillement, comme à l’accoutumée, sur internet, se lançant dans d’interminables conversations avec des amis virtuels. Le forum généraliste sur lequel il s’était inscrit et les réseaux sociaux lui donnaient l’impression, fausse évidemment, d’être entouré.

Au moment de se coucher, il eut l’impression qu’il manquait un objet à côté de la petite statuette égyptienne. Oui, c’était cela, son trophée de rugby doré à l’or fin avait disparu. Il était sûr qu’il y était cette après-midi. L’avait-il déplacé au moment de poser le canope ? Peut-être, mais où l’avait-il mis ? Il ne s’en souvenait pas. Peu importe, il le trouverait demain. Pour l’instant, il était largement l’heure de dormir. Après une toilette rapide, Tom s’allongea de tout son long et s’endormit sans délai.

Le lendemain matin, il avait oublié le trophée et se dépêcha de partir au travail. Il rentra à l’heure habituelle et se prépara tranquillement à dîner. Au moment de passer à table, il remarqua que le pastel à côté du canope de la salle à manger avait disparu. Cela lui remit en mémoire le trophée de rugby qui s’était lui aussi évaporé. C’était incroyable ! Il chercha dans tout l’appartement les deux objets, devenus introuvables. Il commença à regarder les canopes d’un air suspicieux. Se pouvait-il que… Il fit le tour de l’appartement et constata, en effet, qu’il manquait chaque fois un objet à côté des nouvelles statuettes.

Ce n’était pas tout. Outre le trophée, il manquait à présent une chaise dans la chambre. Ce n’était pas possible ! Ces canopes avalaient-ils tous ces objets ? Revenu dans la salle à manger, Tom constata que la petite table à côté de la statuette avait disparu à son tour. Cette fois-ci, il eut peur, vraiment peur, mais il ne baisserait pas les bras, il se battrait. Que faire, comment lutter contre ces objets possédés par une force puissante et maléfique ?

Il eut une idée : et s’il restait à côté d’un canope un moment ? Serait-il absorbé, lui aussi ? Disparaîtrait-il, comme Jonas dans le ventre de la baleine ? Pourrait-il ainsi retrouver ses biens, élucider ce mystère ? Peut-être, cela méritait en tout cas d’être tenté. Il se pencha au-dessus de son canope favori, celui avec la tête de faucon, dans le salon. Au bout de quelques minutes, il se sentit comme aspiré par une force surhumaine, un courant d’air gigantesque qui l’entraîna brutalement au cœur des ténèbres.

Tom ouvrit les yeux lentement, il avait dû rester inconscient quelques secondes. Il était seul, au centre d’une sorte de crypte souterraine. Une faible lumière ocre éclairait la pièce. Le plafond était bas. Il se leva. En effet, son crâne frôlait les toiles d’araignée de la voûte. Il regarda autour de lui. Dans la semi pénombre, il reconnut ses objets familiers, au milieu d’un amoncellement hétéroclite de biens divers. Le canope était un gros mangeur ! Il avait dû avaler tout cela sans autre forme de procès.

Le jeune homme ramassa ses biens l’un après l’autre. Il eut bientôt tout récolté. Le problème était maintenant de sortir de là et de mettre ces canopes hors d’état de nuire. Finies, les rapines ! Il essayait de plaisanter, mais il était terrifié.

Une pensée lui traversa l’esprit : s’il était venu, peut-être pourrait-il repartir ? Cela ne semblait pas invraisemblable. Après tout, une porte, cela sert à entrer mais aussi à sortir. Il essaya de repérer un endroit vide de la crypte. Sur le côté droit, près d’une cloison coudée, il y avait un vaste espace, libre de tout objet. La cheminée, le passage secret ? Il se plaça au centre de ce cercle virtuel et attendit. Il n’eut pas longtemps à patienter. Il sentit soudain ses pieds décoller du sol. Il s’envolait ou plutôt, il était là encore comme aspiré par une force surhumaine.

Il se retrouva comme par miracle debout près de son canope à tête de faucon, dans le salon. Il avait réussi, il était revenu chez lui ! Il posa très vite tous les objets qu’il avait dans les mains, se précipita de pièce en pièce pour collecter les canopes et les rassembler, comme le lui avait recommandé le vendeur. Il fallait faire vite, avant qu’autre chose ne disparaisse. A présent, il comprenait la mise en garde. Oui, ces objets étaient comme ensorcelés, dotés de pouvoirs redoutables. Il ne fallait à aucun prix les séparer, sinon, les puissances maléfiques se déchaîneraient en toute liberté. Quand ils étaient ensemble, la puissance des canopes était neutralisée, par un jeu savant de forces magnétiques, sans doute.

Les statuettes reposaient à présent bien sagement sur la table de la salle à manger, toutes les quatre. Cette nuit, Tom ne pourrait pas dormir, il les surveillerait du coin de l’œil, c’est certain. Inutile de s’adresser à la police, on ne le croirait pas. Demain, à la première heure, il ferait un saut aux Puces de Saint-Ouen. Il les rapporterait là où il les avait achetées. Finalement, à la réflexion, les antiquités égyptiennes sont loin d’être toutes fascinantes.


FIN
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