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     SpĂ©cial rentrĂ©e des classes ! [Nouvelle ou conte, comme il vous plaira]
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Expéditeur Conversation
celineb
Envoyé le :  4/9/2017 8:18
Plume de platine
Inscrit le: 8/4/2017
De: Hauts-de-France
Envois: 4456
Spécial rentrée des classes ! [Nouvelle ou conte, comme il vous plaira]
La Barque et l’oiseau

Doucement, la barque quitta la rive, s’éloigna sous la Lune et disparut au loin. Elle avait dû se détacher de son mouillage, échappant dans l’obscurité à toute surveillance. Peut-être aussi le souhaitait-elle vaguement, éprise de liberté, de grands voyages maritimes, d’échappées belles sous les étoiles. Après tout, une barque rêve toujours d’embarquement.

Toute la nuit, elle navigua, paisible, escortée par des nuées de poissons-volants multicolores qui ne se souciaient pas de dormir. Les fonds étaient limpides, illuminés par des algues phosphorescentes. Elle goûtait fort cette escapade inespérée, loin de ses sœurs piteusement amarrées au bout d’une corde.

Elle glissait doucement dans une mer de silence quand des piaillements aigus la réveillèrent. Elle avait dû s’assoupir un instant, bercée par la houle. Un oiseau ébouriffé était là, illuminé par la clarté lunaire. Il la contemplait fixement d’un air incrédule, lissant ses plumes machinalement.

- « Mais vous êtes vivante, La Barque ! Je vous sens vibrer doucement sous mes pattes. Il me semble même que vous respirez, votre pont s'élève et s'abaisse avec régularité.
- Vivante ? Bien sûr, et alors ? Vous n'avez jamais croisé de barque auparavant ? Une barque vivante est aussi commune qu'un oiseau qui parle, n'est-ce pas ?
- Euh oui... Il faut que je réfléchisse à cet aspect des choses.

La barque soupira.
- Bien, mon cher, il est temps que vous regagniez votre maison naturelle, le firmament. Laissez-moi savourer ma petite promenade en paix, j'apprécie la solitude.

L'oiseau s'affola.
- Non ! Je suis réellement fatigué. J'ai besoin de me reposer un instant. Ma présence vous ennuie vraiment ?

La barque soupira Ă  nouveau.
- Soit, l'oiseau ! Batifolez tout votre soûl ! Mais ne me cassez pas les oreilles avec vos bavardages.
- Vous avez des oreilles ? reprit l'oiseau éberlué. Je n'ai rien dit, je me tais, merci de m'accepter à bord ! » ajouta-t-il rapidement.

La barque et l’oiseau continuèrent leur périple, dans le plus grand silence, brisé seulement par le clapotis des vagues contre la coque. Le jour se leva. Le soleil à l’horizon s’élevait doucement au-dessus des flots. La mer, emplie de reflets joyeux, semblait se réjouir du retour de l’astre diurne.
Au bout d’un moment, l’oiseau bâilla. Peu après, il recommença, assez bruyamment. Cela rendit furieuse la barque, qui se chargea de le recadrer vigoureusement.

- « Un peu de politesse, quand même ! Cela ne se fait pas de bâiller ainsi !
- Désolé, c'est que je commence à m'ennuyer. La mer, la mer, toujours recommencée...
- Cela me rappelle quelque chose. Compte les moutons, si tu trouves le paysage monotone.
- Bonne idée ! Un mouton, deux moutons, trois moutons...
- Dans ta tête, s'il te plaît !
- Mmm, mmm, mmm... »

La traversée se poursuivit agréablement. Une brise légère soufflait, venant rafraîchir l’air brûlant de début septembre. L’oiseau commença à avoir faim. Il devait être aux alentours de midi. Il expliqua la situation à la barque, qui lui indiqua négligemment le panier à provision du pêcheur, son propriétaire légitime, en lui proposant de se servir, personne ne lui disputerait son sandwich. L’oiseau se servit copieusement, il était affamé. Après son repas, il décida qu’une petite sieste à l’ombre du pont lui ferait du bien. Il s’installa confortablement et s’endormit.

La barque continuait à dériver imperturbablement sur les flots bleus. Elle ne se lassait pas de voir sa proue fendre l’eau claire et un sillage guilleret accompagner sa course. Les ronflements discrets de l’oiseau qui dormait profondément ne parvenaient pas à la contrarier.

Soudain, la barque vit une vedette rapide de la gendarmerie maritime se rapprocher à vive allure. Quelle catastrophe ! On l’avait repérée ! Elle réveilla l’oiseau sans ménagement, lui conseillant de décamper sans demander son reste. Celui-ci s’exécuta, en écrasant une larme. C’était un sentimental.

Les gendarmes sautèrent à bord, consultèrent leurs écrans et attachèrent la barque à la poupe de leur canot. C’en était fini du beau voyage en liberté. Attachée, enchaînée, muette, la barque fut traînée jusqu’au port et remise à son propriétaire, ravi de récupérer son bien. Finalement, cet oiseau était bien sympathique, pensait la barque dépitée. Elle aurait bien prolongé quelque peu leur aventure. Hélas, pour elle aussi, après ces courtes vacances, c’était l’heure de la rentrée !

FIN


anonyme
Envoyé le :  6/9/2017 12:04
Re: Spécial rentrée des classes ! [Nouvelle ou conte, comme il vous plaira]
J'ai bien aimé ce voyage, ce goût d'aventure et de liberté.
Mais oui, c'est la rentrée, la routine, bientôt l'automne...
celineb
Envoyé le :  7/9/2017 10:18
Plume de platine
Inscrit le: 8/4/2017
De: Hauts-de-France
Envois: 4456
Re: Spécial rentrée des classes ! [Nouvelle ou conte, comme il vous plaira]
Merci pour ton passage !

Un clin d’œil littéraire :

La phrase de l'oiseau, "la mer, la mer, toujours recommencée", est une citation du poème de P. Valéry, Le Cimetière marin.

Le Cimetière marin

Ce toit tranquille, oĂą marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes ;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée !
Ô récompense après une pensée
Qu’un long regard sur le calme des dieux !

Quel pur travail de fins Ă©clairs consume
Maint diamant d’imperceptible écume,
Et quelle paix semble se concevoir !
Quand sur l’abîme un soleil se repose,
Ouvrages purs d’une éternelle cause,
Le Temps scintille et le Songe est savoir.

Stable trésor, temple simple à Minerve,
Masse de calme et visible réserve,
Eau sourcilleuse, Ĺ’il qui gardes en toi
Tant de sommeil sous un voile de flamme,
Ô mon silence !… Édifice dans l’âme,
Mais comble d’or aux mille tuiles, Toit !

Temple du Temps, qu’un seul soupir résume,
À ce point pur je monte et m’accoutume,
Tout entouré de mon regard marin ;
Et comme aux dieux mon offrande suprĂŞme,
La scintillation sereine sème
Sur l’altitude un dédain souverain.

Comme le fruit se fond en jouissance,
Comme en délice il change son absence
Dans une bouche oĂą sa forme se meurt,
Je hume ici ma future fumée,
Et le ciel chante à l’âme consumée
Le changement des rives en rumeur.

Beau ciel, vrai ciel, regarde-moi qui change !
Après tant d’orgueil, après tant d’étrange
Oisiveté, mais pleine de pouvoir,
Je m’abandonne à ce brillant espace,
Sur les maisons des morts mon ombre passe
Qui m’apprivoise à son frêle mouvoir.

L’âme exposée aux torches du solstice,
Je te soutiens, admirable justice
De la lumière aux armes sans pitié !
Je te rends pure à ta place première,
Regarde-toi !… Mais rendre la lumière
Suppose d’ombre une morne moitié.

Ă” pour moi seul, Ă  moi seul, en moi-mĂŞme,
Auprès d’un cœur, aux sources du poème,
Entre le vide et l’événement pur,
J’attends l’écho de ma grandeur interne,
Amère, sombre, et sonore citerne,
Sonnant dans l’âme un creux toujours futur !

Sais-tu, fausse captive des feuillages,
Golfe mangeur de ces maigres grillages,
Sur mes yeux clos, secrets Ă©blouissants,
Quel corps me traîne à sa fin paresseuse,
Quel front m’attire à cette terre osseuse ?
Une Ă©tincelle y pense Ă  mes absents.

Fermé, sacré, plein d’un feu sans matière,
Fragment terrestre offert à la lumière,
Ce lieu me plaît, dominé de flambeaux,
Composé d’or, de pierre et d’arbres sombres,
Où tant de marbre est tremblant sur tant d’ombres ;
La mer fidèle y dort sur mes tombeaux !

Chienne splendide, écarte l’idolâtre !
Quand solitaire au sourire de pâtre,
Je pais longtemps, moutons mystérieux,
Le blanc troupeau de mes tranquilles tombes,
Éloignes-en les prudentes colombes,
Les songes vains, les anges curieux !

Ici venu, l’avenir est paresse.
L’insecte net gratte la sécheresse ;
Tout est brûlé, défait, reçu dans l’air
À je ne sais quelle sévère essence…
La vie est vaste, étant ivre d’absence,
Et l’amertume est douce, et l’esprit clair.

Les morts cachés sont bien dans cette terre
Qui les réchauffe et sèche leur mystère.
Midi lĂ -haut, Midi sans mouvement
En soi se pense et convient à soi-même…
Tête complète et parfait diadème,
Je suis en toi le secret changement.

Tu n’as que moi pour contenir tes craintes !
Mes repentirs, mes doutes, mes contraintes
Sont le défaut de ton grand diamant…
Mais dans leur nuit toute lourde de marbres,
Un peuple vague aux racines des arbres
A pris déjà ton parti lentement.

Ils ont fondu dans une absence Ă©paisse,
L’argile rouge a bu la blanche espèce,
Le don de vivre a passé dans les fleurs !
Où sont des morts les phrases familières,
L’art personnel, les âmes singulières ?
La larve file oĂą se formaient les pleurs.

Les cris aigus des filles chatouillées,
Les yeux, les dents, les paupières mouillées,
Le sein charmant qui joue avec le feu,
Le sang qui brille aux lèvres qui se rendent,
Les derniers dons, les doigts qui les défendent,
Tout va sous terre et rentre dans le jeu !

Et vous, grande âme, espérez-vous un songe
Qui n’aura plus ces couleurs de mensonge
Qu’aux yeux de chair l’onde et l’or font ici ?
Chanterez-vous quand serez vaporeuse ?
Allez ! Tout fuit ! Ma présence est poreuse,
La sainte impatience meurt aussi !

Maigre immortalité noire et dorée,
Consolatrice affreusement laurée,
Qui de la mort fais un sein maternel,
Le beau mensonge et la pieuse ruse !
Qui ne connaît, et qui ne les refuse,
Ce crâne vide et ce rire éternel !

Pères profonds, têtes inhabitées,
Qui sous le poids de tant de pelletées,
ĂŠtes la terre et confondez nos pas,
Le vrai rongeur, le ver irréfutable
N’est point pour vous qui dormez sous la table,
Il vit de vie, il ne me quitte pas !

Amour, peut-ĂŞtre, ou de moi-mĂŞme haine ?
Sa dent secrète est de moi si prochaine
Que tous les noms lui peuvent convenir !
Qu’importe ! Il voit, il veut, il songe, il touche !
Ma chair lui plaît, et jusque sur ma couche,
À ce vivant je vis d’appartenir !

Zénon ! Cruel Zénon ! Zénon d’Élée !
M’as-tu percé de cette flèche ailée
Qui vibre, vole, et qui ne vole pas !
Le son m’enfante et la flèche me tue !
Ah ! le soleil… Quelle ombre de tortue
Pour l’âme, Achille immobile à grands pas !

Non, non !… Debout ! Dans l’ère successive !
Brisez, mon corps, cette forme pensive !
Buvez, mon sein, la naissance du vent !
Une fraîcheur, de la mer exhalée,
Me rend mon âme… Ô puissance salée !
Courons à l’onde en rejaillir vivant !

Oui ! Grande mer de délires douée,
Peau de panthère et chlamyde trouée,
De mille et mille idoles du soleil,
Hydre absolue, ivre de ta chair bleue,
Qui te remords l’étincelante queue
Dans un tumulte au silence pareil,

Le vent se lève !… Il faut tenter de vivre !
L’air immense ouvre et referme mon livre,
La vague en poudre ose jaillir des rocs !
Envolez-vous, pages tout Ă©blouies !
Rompez, vagues ! Rompez d’eaux réjouies
Ce toit tranquille oĂą picoraient des focs !


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