Plume d'or Inscrit le: 19/6/2016 De: Envois: 1927 |
LES PAUVRES Les simples,
Il dort le vieux, assommé par un mauvais vin Sur un coin de la table, cheveux en bataille Chenu par le temps, le visage purpurin Egrotant, replet, par des années de ripaille.
Elle, blanchie sous le harnois, près de son fourneau A préparer le repas du midi, du soir Ses mains sont usées, à écaler les cerneaux De noix, on lit dans son regard le désarroi.
Et lui, le fils, ce grand benêt, à l’air idiot Qui rigole comme un bossu, il est heureux Ce simplet, quand il voit passer les étourneaux Avec son rire narquois, il a l’air affreux.
Les humbles,
Une ombre éthérée, furtive au pas feutré Rase les murs noircis par le temps, il fait noir Un coche passe au grand galop, le sol gelé Craque sous le poids, il roule, vers le manoir.
Dans le galetas, la mère et ses trois enfants Prêt de l’âtre fumant, attendent le retour Du père. Enfin, il est là , l’humble manant Qui doit enlever ses oripeaux, les doigts gourds.
Harassé, il s’écroule sur le banc, mangeant Dans l’écuelle, un bien modeste brouet De lard et de fèves, et au soleil couchant Il va sans dire un mot, rejoindre la chambrée.
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