Il marchait en créant une distance calculée entre chacun de ses pas, il maintenait cette cadence, puis il faisait un tour sur place comme le font les militaires dans une parade, et il faisait la distance parcourue en sens inverse, et dans un respect total de sa marche militaire.
Il avait les cheveux ébouriffés, une barbe colorée d’un blanc criant et d’un noir grisonnant, elle était sale à l’instar des vêtements qu’il portait, il n’était ni agressif, ni calme, mais il lançait des mots durs au vent, en l’air comme ça, mais il accompagnait ses paroles d’un doigt accusateur qu’il pointait droit devant lui, il était pieds nus.
Parfois il fixe le mur de la bâtisse abandonnée et en ruine qui lui servait de résidence, et il se met à pleurer.
Alors il lançait :
Pour dominer
Ces arrogants
Et corrupteurs
Usent
D’artifices
De mises en scènes
Pour faire peur
Aux faibles
Souffrez
Pauvres
De toutes les plaies
Qu’on vous invente
Puis il se laisse glisser par terre, et il met sa tête sur ses genoux, et il commence à fredonner une sorte de musique comme si tous les instruments étaient là , ils sortaient de sa bouche, différents sons de musique, si c’était au temps du moyen-âge les gens auraient crié au miracle et l’auraient pris pour un ange du ciel ou un saint.
Mais en ce temps bouleversé, souillé, injuste, les gens passaient indifférents, chacun occupé à retourner la vase en sa tête.
Alors pour leur marquer un point à leurs hypocrisies et leurs indifférences et leurs passivités chroniques.
Il faisait accompagner sa musique de paroles dures et directes
Ceux qui veulent dominer
Usent de toutes les mises en scène
Pour faire peur
Aux faibles
Les pauvres souffrent
De toutes les plaies qu’on leur invente
Le faible, on lui sort
De toutes les gommes
Pour le coller
Et l’abaisser
Il ne doit ni geindre
Ni ressasser
On lui dénie le droit
De dire son mot
De lever la tĂŞte
Il doit subir ses maux
Silencieux doit ĂŞtre mĂŞme son pet
On lui invente des ogres
Il doit en tout moment trembler
Il doit cacher mĂŞme son ombre
Et paraitre toujours troublé
Ses jours sont toujours sombres
Sa tĂŞte il ne doit pas la lever
Il doit toujours nager
En cachette des regards
Il doit rester muet
Il doit rester bizarre
Il doit accepter d’être floué
Comme aux jeux du hasard
----------------
https://www.edilivre.com/peregrinations-29f53ef39f.html/
https://www.edilivre.com/le-spleen-de-la-logique-de-l-absurde-2c490d0b23.html/