« La nuit de mai » (Pastiche d'A. de Musset, suite et fin)
« La nuit de mai »
MUSE
Poète, veux-tu bien me lire, un court instant
Sais-tu comme j'aimais ta poésie du temps
Où tes rêves, plus forts que tes maux d'aujourd'hui,
Comme de doux serments accompagnaient mes nuits.
Resteront-ils ferments de ma vie berrichonne
Quand en musique aussi Frédéric m'abandonne ?
Pour t'aider à guérir des cris de tes douleurs
Demain viendrai te voir à la Cité des Fleurs*
POèTE
Cette missive, Muse, m'émeut, et te répondre
Est chance inespérée et je sens mon cœur fondre
Tu sais, j'en ai pleuré, tant j'ai confiance en toi
Oui, je veux t'écouter, bienvenue sous mon toit.
Sont tant de jours bénis où la plume féconde
Se joue de l'agonie des grands de la Rotonde
Je me suis moqué d'eux, je n'ai aucun ami
Dans leur rangs, ces furieux, vieux de l'Académie
MUSE
Bonsoir. Il sont bien beaux, les jardins, ce printemps !
Restons dehors, tu veux, profitons quelque temps
Je ne peux me passer de pipe et de tabac
Je ne sais plus, dis-moi, on peut fumer chez toi ?
Ah ! cher ami, merci, mais venons-en aux faits
Tes derniers mots sont durs, me font tristes effets
Laisse tomber, oublie cette gente assaillie
D'arrogance, l'image d'une caste vieillie
Souviens-t-en maintenant des tendres amourettes
Quand, encore un enfant, tu me contais fleurette
Ces poèmes d'avant étaient de vrais plaisirs
Ils me faisaient rougir et naître le désir
De te connaître mieux, toi, le fier Artaban
Qui n'avais rien vécu que l'école et ses bancs
Mais écrivais déjà , à l'insu des parents
Coquins et délicats, des poèmes charmants
Victor, on l'a déjà , justice, au Panthéon
Toi, je voudrais te voir, caprice, au Parthénon
Je suis venue pour ça, dis-moi, j'en veux la preuve
Que même en poésie tu peux faire peau neuve
POèTE
Peau neuve Muse ? Non, imagine la peine !
Autant te dire adieu et me jeter en Seine
Ma poésie, un arc, comme ceux des peaux-rouges
Quand le lève et le bande, même les rochers bougent
Voudrais-tu m'obliger à peindre les printemps
Les jolis mois de mai aux amours chuchotants
Je veux vivre de mots qui percent les mystères
Pénètrent dans les cœurs, enfoncent les barrières
Vois-tu, les philosophes, ils posent des questions
Que personne ne pose. C'est une abjuration.
J'accuse, j'aime, je hais, je rêve, je désire,
Là sont les mots communs où le poète aspire
A sauver les destins, Ã faire fuir la mort
A lever d'émotion les âmes incolores.
Tout ça, Muse, tu sais, ne vient pas de l'école
Ni de l'ancien Victor, pas plus de l'Acropole.
La poésie un art ? Non, une fantaisie
Un rire, un chant d'espoir où s'oublie l'amnésie
Une larme tombée la nuit de mai des armes
Un baiser dégusté aux lèvres de tes charmes
MUSE
Poète, prends ton luth et m'écris des poèmes
Keraban (Samedi 13 mai 2017)
« Cité des Fleurs », boulevard Arago à Paris, un lieu hautement symbolique pour les écologistes de la première heure, où je fais vivre le poète.
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J'aime la poésie qui me parle et qui chante
Lire plusieurs de mes livres : récits, roman, polar, essai, poèmes :
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