Je n’aime pas trop cette idée venue de Silicone Valley,
De vouloir à tous imposer un revenu universel,
Á leur tour ils seraient taxés, tous ces robots payés en sel*
Au pays du lait et du miel.
Mais moi j’ai besoin d’être actif,
Le travail est aussi mon kif,
J’entends être récompensé d’une caresse ou d’un baiser,
Et je me sentirais lésé en étant toujours rétribué.
Moi, le digne fils de Sisyphe, sans cesse les yeux vers le ciel,
Je vois la roche, elle m’interpelle,
Là-bas au fond de la vallée,
Il me faut sans faute y aller, je dois vite aller la chercher.
Au boulot je n’entends me tuer,
Je n’ai besoin de garde-chiourme,
Si je sais que vie est galère,
J’aime bien ce pain que j’enfourne.
Qu’il soit journalier ou annuaire,
Un boulot a l’heur de me plaire,
Si je hais les esclavagistes,
Ils m’exaspèrent les grévistes.
Ce qu’a accompli Guillaumet,
Aucune bête ne l’aurait fait,
Et sans être bête de somme,
Je vis sur la Terre des Hommes.
Oui, je veux du coeur à l’ouvrage,
Un partage, un compagnonnage,
Je ne conçois Labeur sans gages,
Car la vie manquerait de sel.
*Provenç. salari, selari ; espagn. et ital. salario ; du lat. salarium, solde du soldat, de sal, sel, à cause que le salaire fut d'abord une indemnité pour le sel. On remarquera en Flandre le changement de l'a en o : solaire.