Dans la cathédrale de Rouen,
Où la foule est inhabituelle,
Sont là , fidèles et mécréants,
Aux obsèques du Père Hamel
Ils ont répondu à l’appel,
Chrétiens, Juifs et Musulmans,
Tous ceux qui ne croient pas au Ciel,
Les agnostiques et les croyants.
Et le bourdon de la Pucelle*,
Sorti d’une longue inaction,
Verse ses mornes décibels,
Quand il se joint au carillon.
Lui qui croyait à Jésus-Christ,
Chaque jour, revivant la scène,
De son cœur bannissant la haine,
Il priait pour ses ennemis.
‘ Ceci est mon Corps, et mon Sang’,
Le tien a coulé, Père Hamel
Et s’il est un Dieu tout puissant,
Tu dois aller tout droit au Ciel.
Tu aimais l’enfant de l’Islam,
Tout comme toi, fils d’Abraham,
Tu prêchais la Bonne Nouvelle,
Toi, prêtre devant l’Éternel.
Tu fus immolé à l’autel,
Poignardé par un assassin,
Dieu va t’accueillir en son sein,
Ton corps, ton âme, sont immortels.
Yahvé a refusé le sang
Du fils offert en sacrifice,
Et Moïse au buisson ardent
A su qu’on ne tue l’innocent.
Toi, tu savais voir le Divin,
À travers le pain et le vin,
Et tu méprisais les idoles,
Tu comprenais les paraboles.
Si tous ne sont prêts à croire
À la Transsubstantiation**,
Sous la clé de voûte gothique,
On sent une immense émotion.
Et près des colonnes gothiques,
Priant, chacun à leur façon,
Les religieux et les laïques,
Sont en parfaite communion.
Tu as revécu, Père Hamel,
Le fratricide de Caïn,
Mais il vaut mieux être Abel,
Que prendre pour Dieu le Malin.
Dumnac
*Plus respectueusement : le bourdon de Jeanne d’Arc.
**La transsubstantiation est, littéralement, la conversion d'une substance en une autre. Le terme désigne, pour certains chrétiens (en particulier les catholiques), la conversion du pain et du vin en Corps et Sang du Christ lors de l'Eucharistie.