Je suis sous un chêne, allongé;
Atone, mon corps sur la terre flotte
Sur un tapis de feuilles des cimes tombées;
Sur ma peau coule une brise fine
Comme sur une colline à terre brune érodée.
Cheveux défaits, tels des arbrisseaux par le vent ondoyés,
Mes pensées poussives quittent ma tête,
Dans l’air s’envolent par les branches du chêne attirées.
Veulent-t- elles remplacer les feuilles mortes
Ou déserter mon esprit dans l’hiver tourmenté.
Soudain, des feuilles desséchées sur l’arbre nu vivotant,
Viennent à la rencontre de mes folles idées.
Elles s’enlacent, tourbillonnent sur le sol en tombant,
Et forment un étau cernant ma tête couronnée
Avec mon corps noyé dans une mer de silence profond.
Emu, le visage blême humecté de suée
Je vois du tronc une tête de chouette surgir de son nid
Me regardant et distillant dans l’air de mystérieux couplets.
rivedusoleil
28/6/2016
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Ah ! si seulement avec une goutte de poésie ou d'amour nous pouvions apaiser la haine du monde !
Résidence sur la Terre (1935) Pablo Neruda
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