Tragédie humaine
Au loin un son de cloche résonne
Tout près la brise frissonne
Les mains tendues et crispées
Ecorchent le froid des pavés
Dans le silence on s’épuise
A clamer nos détresses
A vilipender notre allégresse
Sous le chant des regrets
Nuée de moineaux sur les blés
Alouettes glaneuses dans les prés
Avez-vous entendu ces cris ?
Cette faim qui ronronne
Et étale sur le monde son lit
Corps absorbés par les faubourgs
Enjambées muettes sur les trottoirs
Lorsque la misère plante son ornière
L’homme croise la galère
Fruits surgis du néant
Sur le dôme des crépuscules
Vers vous des mains se tendent
Et vous prient de raconter
Que sur la terre les enfants grondent
Et souffrent de calamités
Dans les déserts les corps sombrent
Les guerres la soif la misère
Traînent la conscience humaine
Hélas !vers la tombe !
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Ah ! si seulement avec une goutte de poésie ou d'amour nous pouvions apaiser la haine du monde !
Résidence sur la Terre (1935) Pablo Neruda
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