Mer et sable
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Je suis la grande mer calme,
des lumières je me saisis.
Ces couleurs au ciel je les emprunte
et m’habillent de beauté.
Ô sable, tu es l’île de mes désirs,
Tu es l’atoll de mes pulsions.
A ta naissance dans mes abysses
s’est éteint dans mes entrailles le volcan.
En toi j’ai fait la contrée des délices
où j’ai planté les chants
de ces vagues nées de mes hélices
qui font chanter les vents.
Grain de sable !
Je t’ai arraché aux falaises
sous l’étreinte de mes désirs.
Tu t’es déposé sur la plage de mon cœur
et rafraichi de mes sueurs.
Roulé dans mes blanches écumes,
ces mousseuses liqueurs d’ivresse,
tu danses au chant de mes sirènes
dans le fond de mes lagunes.
Sable éparpillé ! emporté par les courants des marées,
tu es là , déposé en dunes qui survivent aux années.
Sur toi les vents chantent, fleurissent les hymnes
que l’esprit rêveur enfante
dans les oracles de la vie.
……………
Ă” mer insondable !
Grande robe des îles ensoleillées ;
Dans les jours, tes trainées de soie perlées
de larmes du soleil
épousent mon regard croisé.
Avec le soleil, ce diadème
sur les îles que tu couvres de tes brumes.
Belle peinture de la danse de la vie !
Ta robe scintille avec les Ă©clats
vibrant l’air refroidi,
et fait valser les épis d’étoiles
dans les nuées que tu humes.
Ces images que les anges subliment,
dessinées dans mon regard
et mon esprit en verve
Gravent le sceau de ta beauté en verbe.
Je me rappelle de ta nappe
sur moi toute étalée.
Je suis le grain de sable
qui dans ton cœur y est né.
Je sentais tes pressions
violentes sur l’argile qui me pressait
Jusqu’au jour où tout éclate,
et dans ta vie tu m’as déposé.
En toi j’ai écouté les mélodies
jouées dans les abysses.
Ces chants en chœurs sur les récifs
m’ont accompagné.
Ces odes, hymnes, tu les enfantais
Pour distraire mes appétits du vent.
J’ai vu des poissons danser,
faire des rondes sans répits.
Des coraux fleurir, des algues sourire
aux couleurs tamisées
dans le plus profond de la beauté magique
où le rêve devient réalité.
Dans les nuits,
les astres lâchés dans les cieux calquent
la lumière sur tes eaux.
Intrépides ils te regardent,
se fixant aux faisceaux
qui envoutés dans ton cœur
se plient chaleureusement Ă tes jeux.
Mer des désirs ! J’ai sillonné les longs fleuves
de tes caprices,
et j’ai vu couler les ans
dans les précipices
des terres sans rivage.
Là j’ai atteint la rive de la nostalgie
qui me dévisage
Dans ce bouquet de proses sans visage.
Belle épopée de l’âme
sur le vaisseau des sentiments ;
Feux ardents brûlant les choses muettes.
*******
Sur la plage des tempĂŞtes,
mes bras t’ont déposé,
et Ă mes vagues tu es soumis.
Ces branches nées dans mon cœur
t’enroulent, t’enveloppent.
Tu voyages dans les ressacs
pour apprendre à te libérer.
Tu es comme cet oisillon dans le nid ;
Petit, ne sait pas voler.
Avec le temps la nature l’habille d’ailes
ces rémiges de la liberté.
Puis vient un jour de fĂŞte
où sa mère le fait sortir du nid.
Dans les airs elle le jette,
il papillonne apeuré.
Il se cogne aux murs, aux arbres ;
La terre l’attire dans son puits .
A la chute il dresse ses ailes
de la pesanteur s’est libéré.
L’apprentissage est un duel dans la vie.
Rien ne survit dans ce monde
sans apprendre les lois de la survie.
Combien de fois dans mes ondes,
aux falaises tu t’es cogné.
Tu as écouté les bruits dans mon ombre,
et qui te font frissonner.
Aux galets que j’enroule,
tu fais combien de rondes
sans pouvoir t’accrocher.
C’est vrai mon cœur est pour toi une sonde
qui de sève il ne te nourrit.
Nous sommes dans l’amour de l’ombre !
je suis maitresse, ta dulcinée.
Si tu veux conquérir mon monde
Libère toi des risées !
Sur la grève tu trouveras des âmes
Rocs ! Galets !
Faîtes lui savoir que le vrai amour :
- n’est pas un fruit du sombre
Mais, de lumière de chaleur il se nourrit.
Comme la vigne n’est pas une plante d’ombre
elle s’accroche aux terres érodées.
Ses racines résistent aux frondes
des vents secs des étés.
Ses feuilles en cœur de lumière s’inondent.
Le bon vin coule sur les coteaux rudes ensoleillés !
Germe enfanté dans les soubresauts !
- De l’intime rudesse
- De mes Ă©lans dans mon univers sans mirages,
il est venu le temps de la suite sans mirages.
Mon souffle te dépose en vain
Ă la limite de mon rivage
oĂą fleurissent les dunes de mon sillage.
Je t’offre comme grabat aux chardons !
aux plantes Ă©pineuses !
Mais un jour tu verras surgir
sur le dĂ´me des fleurs toutes belles,
suintantes d’étincelles de parfums ;
Offrandes lointaines à mon âme.
Sois certain de ton retour !
La dune n’est qu'un éphémère transit.
C’est pour que tu sondes le puits des larmes,
Et tu te forges dans la vie tes armes.
Rien ne sert de vivre la flamme
qui Ă©claire uniquement la nuit ;
Le jour aussi a besoin de l’âme
sur laquelle le soleil fleurit.
********
Grain de sable argenté
sur la plage j’ai échoué.
Ă” mer
Cette belle robe princière
peinte aux couleurs dorées
solennellement tu l’exhibes toute fière
avec une dentelle de dunes tissée.
Je suis sur ce monticule
Mouvant au gré des vents
A toi je m’accroche vainement
Mais je sens le temps me détacher.
Bien que je ne possède
ni racines, ni ailerons
la nature m’offrira des dons.
Je surmonterai toutes les peines,
Je me résigne aux lois du temps.
Je sens tes brises me caresser.
Ce langage mystique sans paroles
palpite dans ce monde insolite.
Grincements changeant de rythme.
Cris ou mélodies,
Je suis lĂ solitaire dans cette butte !
Au loin j’écoute tes hymnes.
Les Ă©chos sur les murs des cieux
viennent toujours m’alerter
de ta présence de fantôme subtile
Petit à petit, l’enclos sur moi se referme.
La rupture avec toi je la sens !
Comme devant la mort je me résigne.
Sur mon toit j’entends des pleurs
avec des larmes qui s’égouttent
de ces sucs d’amour en déroute.
Que de poids j’ai supportés
avec les cœurs pleins qui débordent
de ces paroles inédites
que les âmes hébergent dans leur soute.
- Des récits qui m’envoûtent
- Des prières aux cieux récitées
- La valse des serments
Les Ă©bats des corps sur moi flottent.
En fin ma dune n’est qu’une voûte
Un palais de confessions.
rivedusoleil
21/6/2016
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Ah ! si seulement avec une goutte de poésie ou d'amour nous pouvions apaiser la haine du monde !
RĂ©sidence sur la Terre (1935) Pablo Neruda
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