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   Lettres d'amour
     Lettre Ă  mon père.
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Expéditeur Conversation
berrichonne
Envoyé le :  19/6/2016 12:22
Plume de diamant
Inscrit le: 17/6/2008
De:
Envois: 16849
Lettre à mon père.
Lettre posthume à mon père (repost).


Papa,


Cette lettre tu ne la recevras pas, les autres n’ont plus ne te sont pas parvenues, je veux dire celles que souvent j’ai pensé t’envoyer, lorsque je n’allais pas bien. Tu étais mon confident en pensée plus que dans la réalité. Que n’occulte-t-on pas au nom de cette Sainte pudeur conjuguée à ce satané orgueil ! Cette ultime lettre qui me sert d’exutoire, me rapproche de toi et te fait revivre .

Tu as choisi de partir le dernier jour de Juin 1997, le 30, un lundi, dans un magistral pied de nez à la journée qui commençait, inutile à tes yeux, puisque habité depuis 3 mois par une maladie que l'on-dit cruelle mais que je qualifierai d’injuste et dont tu connaissais l’issue. Je me demande si tu avais « choisi » ce premier jour de semaine comme un refus de ne pas en aborder une autre, persuadé à juste raison, que cela ne changerait rien aux souffrances physiques et aux questionnements trop tardifs pour pouvoir apporter des réponses.

J’étais allé te rendre visite, enfin si l’on peut dire, 3 jours auparavant, pour la St-Jean jour de ta fête, le 24 juin. Cette St-Jean là (il y en a deux sur le calendrier) qui signait le début de l’été, tu l’affectionnais particulièrement pour je ne sais quelle raison, peut-être le feu symbole de chaleur, d’embrasement mais aussi de destruction.

Je revois cet hôpital, la chambre à deux lits qui me hante encore aujourd’hui, impersonnelle, froide, sans chaleur avec son arrière goût de tristesse et toi, au fond de la pièce, assis dans un fauteuil près de la fenêtre, fermant les yeux sur un paysage que tu ne voyais ou ne voulais plus voir, ta tête penchée sur le côté, soutenue par ton bras droit. Tu ne m’as pas reconnue tout de suite, perdu dans un ailleurs où je ne figurais sans doute pas. Submergée par l’émotion et la surprise de te voir à ce point changé physiquement, je retenais des larmes qui ne demandaient qu’à couler et essayai de contraindre ma voix à une intonation normale. Ce fut le moment le plus dur. Faire comme si.....Comme si tu étais en pleine santé, comme si ta vue ne s’était pas altérée, comme si tu n’avais pas de difficultés à t’exprimer, comme si tu n’avais pas maigri outrageusement, comme si tu n’allais pas mourir.

Je me demande encore aujourd’hui où j’ai puisé la force de te regarder sans faiblir, le premier moment de stupeur passé. Je m’appliquais désormais à te distraire et à t’assurer de mon amour filial, s’il en était encore temps. Progressivement, tu t’es habitué à ma présence; tu avais oublié quelque peu le son de ma voix mes visites étant limitées par les 500 kilomètres de distance nous séparant. Pourtant, nombreux avaient été nos échanges téléphoniques quand ta conscience était encore intacte, et que, nous échangions, en connaissance de cause mais sans nous l’avouer, nos derniers mots, empreints de la tendresse qui fut nôtre tout au long d’une existence compliquée pour l’un comme pour l’autre.
Déjà trois ans que tu es parti pour le grand voyage d’où on ne revient pas ! Il n’y pas un jour où je ne pense à toi, surtout le soir, seule dans ma chambre, enfin seule, avec mes pensées, mes souvenirs.
L’absence est insidieuse, elle s’installe sans bruit, impalpable, et vous ronge en dedans. Longtemps, j’ai attendu ton coup de fil à 11h moins le quart le dimanche soir après le film, comme à l’accoutumée. Il faut du temps pour s’habituer au manque. Pourtant je rageais, arrachée à ma torpeur par l’indiscrète sonnerie du téléphone. encore imprégnée du film qui venait de se terminer. Comme je voudrais que tu me déranges à nouveau. Papa tu me manques terriblement. Ta photo trône à côté de mon ordinateur, je ne la regarde pas. Il me suffit qu’elle soit là ! Mais si par hasard mes yeux se posent sur elle alors je revois comme un flash, ta silhouette un peu voûtée, ton air docte et surtout tes yeux qui me scrutent, des yeux inquisiteurs parfois dérangeants. Et alors l’émotion me submerge, mes yeux pleurent, sur toi, sur moi, sur ces moments dont nous n’avons pas su profiter et qui ne reviendront plus.

Quand le moment sera venu, j’irai reposer à côté de toi, dans ce petit cimetière qui domine les vignes, mais plus à l’ombre des pins. Tu te souviens comme ils se dressaient, les fanfarons, au-dessus des tombes. C’est terminé ! la tempête de 1999 a eu raison de leur insolence et les a foudroyés. Il nous reste cette belle petite église romane adossée au cimetière, qui égrène, imperturbable, à ces fidèles locataires, l’heure.

En attendant, je te garde bien au chaud, dans mon coeur, une place de choix. Tu ne connaîtras pas tes arrières petits enfants mais sois assuré que je saurais leur parler de toi. Je vais continuer à venir te saluer là où tu reposes désormais, le chagrin chevillé au corps, et refuser encore et toujours ce départ si rapide.

Papa, je m’arrête pour l’instant. Ce n’est qu’un faux départ, tu es dans tous mes actes, toutes mes pensées. Je ne veux surtout pas ne plus penser à toi, et pourtant, la vie continue, elle reprend le dessus et je me surprends même à t’oublier quelquefois pendant une heure ou deux.

A ce soir. Quand la nuit sera venue, que je serai allongée dans le calme de ma chambre, nous pourrons communier à nouveau.


CHUT.



Ta miche


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La vie est belle il faut savoir l'apprécier.

jessye
Envoyé le :  24/6/2016 16:26
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 17/12/2006
De: dans mon château de brumes ...
Envois: 20093
Re: Lettre à mon père.
Michèle on ne sort pas indemne de cette lecture touchante émouvante
des frissons me parcourent pour avoir vécu cela plusieurs fois
je te serre très fort contre mon coeur


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C'est beau d'ĂŞtre seul(e).
ĂŠtre seul(e)ne signifie pas ĂŞtre solitaire.
Cela signifie que l'esprit ne vit pas sous influence et qu'il n'est pas pollué
par la société.
[Jiddu Krishnamurti]

berrichonne
Envoyé le :  30/6/2016 18:17
Plume de diamant
Inscrit le: 17/6/2008
De:
Envois: 16849
Re: Lettre à mon père.
Bisous Jessye,

Non pas indemne pour des choses douloureuses.


Michèle


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La vie est belle il faut savoir l'apprécier.

Louandrea
Envoyé le :  12/8/2016 23:29
Plume d'or
Inscrit le: 12/6/2009
De:
Envois: 1618
Re: Lettre à mon père.
PASCAL
Envoyé le :  23/8/2016 21:34
Plume de platine
Inscrit le: 3/3/2014
De: Dans le livre fermé tous les mots sont ouverts.
Envois: 5485
Re: Lettre à mon père.
Bonsoir Michelle.

Bel hommage pour ton père.

Quand la flamme du souvenir vacille une âme s'éteint.

Je t'embrasse.

Pascal

cyrael
Envoyé le :  25/8/2016 17:19
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 30/10/2005
De: ****
Envois: 83220
Re: Lettre à mon père.


chutt...


entre père et fille, c'est l'AMOUR
qui souffle Ă  ta plume ...les mots du coeur..



très émue à te lire ma douce Michèle


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EVELYNE NADINE maryjo 2O11

MICKAELLE
Envoyé le :  25/8/2016 19:38
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 5/2/2015
De:
Envois: 17473
Re: Lettre à mon père.




Un émouvant hommage à celui qui est parti, mais qui restera pour toujours dans ton coeur, mes amitiés..............


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berrichonne
Envoyé le :  25/8/2016 21:08
Plume de diamant
Inscrit le: 17/6/2008
De:
Envois: 16849
Re: Lettre à mon père.
merci Ă  vous.

Emue aussi Ă  la lecture de vos ressentis.

Pas de mots, ils sont dans ce que vous avez lus. Rien de changé, mes pensées sont intactes. Je devrais les réécrire, les mots seraient de la même veine;

Je vous fort, fort.

Michèle


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Ogr3
Envoyé le :  29/8/2016 23:32
Plume de platine
Inscrit le: 25/4/2016
De: Voie Lactée, Terre, parfois Lune
Envois: 8832
Re: Lettre à mon père.
Bon soir Michèle,

Il est merveilleux ce témoignage pour ton père, il t'a laissé en héritage l'amour, un message éternel transmis de génération en génération afin que le futur embrasse un beau destin pour les tiens, pour l'autre, dans le temps... Empli de beaux sentiments afin de faire sourire tes souvenirs :)

Je t'embrasse chaleureusement Marc
berrichonne
Envoyé le :  9/9/2016 12:49
Plume de diamant
Inscrit le: 17/6/2008
De:
Envois: 16849
Re: Lettre à mon père.
Moi aussi je t'embrasse chaleureusement Marc.

Merci pour tes mots. Merci.

Michèle


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La vie est belle il faut savoir l'apprécier.

ninette1952
Envoyé le :  7/10/2016 9:16
Plume de soie
Inscrit le: 14/5/2016
De: Picardie
Envois: 130
Re: Lettre à mon père.
TRISTE LETTRE
le mien est parti un jour chercher des cigarette et n'est jamais revenu il venait d'ĂŞtre Ă  la retraite
on l'a retrouvé sur le net..il avait un fils qui avait l'âge de ma fille..il est née 3jours après mon mariage en 74 mon père y avait assisté ..
ma mère étant décédée depuis 6mois il a bien voulu nous rencontrer ..on c'était tous réunis les 5 enfants. Chez a grande sœur pour lui dire qu'on lui pardonnait
il est mort d'une crise cardiaque sur la route à quelques mètre de la maison de ma sœur. On a pas pu l'embrasser de son vivant..
J'adore la chanson de Barbara NANTES car çà ressemble à mo histoire avec mon père..
bisous doux de ninette


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Il faut vivre ses rĂŞves avant d'avoir t...

berrichonne
Envoyé le :  21/11/2016 19:17
Plume de diamant
Inscrit le: 17/6/2008
De:
Envois: 16849
Re: Lettre à mon père.
Triste ce que tu me dis Ninette. Oui moi aussi, Nantes la chanson de Barbara me fait penser Ă  lui, surtout que Barbara et moi avons connu un peu le mĂŞme parcours.

Je t'embrasse. Merci d'ĂŞtre venue me lire.

Michèle.


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