Un homme s'avance dans les travées, bien apprêté, il chante "Les amoureux se bécotent sur les bancs publics" pour quelque monnaie.

Face à moi, un homme est assis sur un strapontin public, sans tunique, il est blond comme les blés, fauché plus bas que des racines absentes sous une terre craquelée.

Je n'entends pas les paroles au loin qui ne sont pas dans le script, des figurants sont blêmes, et ce gamin si perdu, si seul, si sale.

Il est en aillons, dans ce wagon, il ne demande rien, le chanteur pour quelques notes tend la main, la mienne reste muette face à lui, pour lui, je n'est aucune envie, ses chaussures brillent d'un cirage noir, ce gamin en face lui est si blond.

Quel est ce drôle de tournage dans ce métro tournant en boucle, des bouclettes blondes d'un visage angevin, perdu dans des vêtements qu'aucune benne ne souhaiterait porter.

J'arrive à ma destination, des quatre chemins, je crois connaître ma route, et ses déroutes me font mal, dans ces yeux, je vois un enfant perdu, nos enfants seront-ils un jour posés sur un strapontin près à les éjecter.

Je sors un billet bleu, pour ces yeux bleus, il me regarde, j'insiste, le prix d'une douche et d'un repas disparaît dans une poche sentant les sables du désert, il est seul, si seul dans ce wagon d'un mauvais chemin.

Quel destin ?

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Une tranche de vie, instants d'existence.