Il m’arrive souvent de regarder les rivages
De tes yeux aux profondeurs inouïes
Dans tes abysses mes pensées nagent
De tes paupières je me saisis
En toi je pars pour des longs voyages
Moi le grand rêveur obstiné
Ma passion toujours devant à l’abordage
Je me démêle dans tes flots tourmentés
Ô falaises des rives incertaines
Branches des rêves écorchés
Où s’entrechoquent les vagues aux amours pleines
Avec les fruits rouges blessés aux écumes pansés
Parlez-moi ! - de vos étreintes sur la scène
Des rivages aux fards de sang bleu émaillés
Ô chant sur les cils effeuillés
D’un oiseau bleu assoiffé
Ricoches- tu sur les larmes par les sentiments domptées
Ton écho court-t-il le long du fleuve des jours
Pour meubler le vide que l’absence a tissé
Yeux ! Pleurez ! Pleurez les jours
Faites revivre la mer tarie du passé
Vers chaque larme un amour défunt accourt
Etanchant sa soif à la source bénite des pensées
Ô mon âme ajuste la plume
Sur la page ailée des rêves écourtés
Profite des chaînes que les vagues du cœur liment
Libérant le vaisseau vers son île fabuleuse affrété
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Ah ! si seulement avec une goutte de poésie ou d'amour nous pouvions apaiser la haine du monde !
Résidence sur la Terre (1935) Pablo Neruda
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