Un perroquet, qui avait langue bien pendue,
À tous les visiteurs sortaient des mots tout crus,
Le piaf, un beau matin, fut viré de chez lui,
Et à dormir dehors, dans le froid, fut réduit.
Quand vint le lendemain, il se mit en chemin,
Pas très loin résidait un empereur romain,
Il parvint au perchoir du grand aigle impérial,
Qu’il ne fallait, bien-sûr, prendre à rebrousse-poil,
Non, à rebrousse-plumes, plutôt, devrais-je dire,
De l’ire d’un rapace mieux vaut se prémunir !
Bien l’accueillit le roi, sans se faire prier,
Lui montrant le juchoir, dressé près du foyer.
- Tenez, mon cher ami, dormez sans vous en faire,
Vous n’aurez nul besoin chez moi de moustiquaire.
- Ce perchoir est trop bas et indigne de moi !
Mais, fort heureusement, l’aigle n’entendit pas,
De l’insulter il n’était pas coutume,
À ceux qui le faisaient, il volait dans les plumes !
Dès l’aube, le petit-déjeuner fut servi,
Et qui lui apporta ? Un petit colibri.
C’était des céréales de grande qualité,
Mais notre perroquet les trouva périmées.
‘Elles sont pourries, fit-il, j’en ai des haut-le-cœur.’
À ces mots le laquais fut rempli de terreur,
Il craignait que cette horrible impertinence
Ne soit suivie de graves conséquences.
Par chance, le circaète était malentendant,
Cette fois-là , il ne lui rentra pas dedans.
Alors, en son honneur, l’aigle fit un banquet.
Menu : écureuil confit, belette séchée.
‘Ce plat ne me va pas : il brûle l’estomac.’
Ces mots presqu’aussitôt outragent le monarque,
Et il s’attaque à lui, et du bec, et des serres,
Partout l’on voit des plumes qui volent dans les airs.
Il ne faut pas toujours dire ce que l’on pense,
Car la langue parfois connaît des défaillances,
Que l’on réside en France, ou au Québec,
Il est prudent souvent de bien clouer son bec.
Dumnac et Madec