Il en va autrement, Madame, au témoignage
D'un bourgeois de Calais, sûr comme fil de fer
Il est prêt, semble-t-il, pour vous, battre le fer
En la cour de justice, et le maintenir sage
Celui qui vous fait cour, ce seigneur d'un autre âge
Qui n'a pour vous servir ni de sang ni de terre
Il vous faut vous cacher, là -bas, à Sauveterre
Et nous attendre enfin, quand, lavée de l'outrage
Vous serez libérée de ses vils papotages
Lui, dont le sang est noir jusque dans les artères
Tant il est affaibli et bientôt grabataire
Croyez-moi bien, Madame, croyez votre entourage
Nous disons seulement par notre humble message
Vouloir vous protéger de soucis sanitaires
Pour goûter pleinement de la vie les mystères
Et rester vierge encore, pure, sans défonçage
Nous viendrons près de vous avec mon équipage
Moi-même et mon cousin, le vaillant Jean-sans-Terre
Maintenant couronné au trône d'Angleterre
Tous deux accompagnés de nos aréopages
Ils seront quatre-vingt chasseurs et sans tapage
- Car silence il convient aux soins utilitaires -
N'aimant pas, comme vous, les plaisirs solitaires
Il vous proposeront, tour à tour, un sondage
Pas même une leçon, pas même bavardage
Si vous n'y répondez, il suffit de vous taire
Et de leur présenter gestes élémentaires
Par lesquels vous montez d'étages en étages
De bons chasseurs ils sont, de gibiers font carnage
Ils ont l'arme pointue, plus que le cimeterre
De ce prince fourbu qui se dit militaire
Mais n'a pas même su vous prendre d'abordage
Oyez-moi bien Madame, c'est pour vous sauvetage
De nous dire merci, de faire trois Pater
D'aller vous recueillir dans quelque monastère
Et de ce faux amant de n'être plus l'otage
En post-scriptum encor', car me manque une page
Souvenez-vous aussi que pas plus tôt qu'hier
Ce filou l'a prouvé, n'a de cœur que de pierre
Bientôt vous trahira, à en croire l'adage
C'est mon conseil, Madame, serrez-bien vos laçages
Quelques soirées encore restez célibataire
Et vous verrez bientôt venir un mousquetaire
Pour caresser les seins sous vos jolis corsages
Là , vous en conviendrez, un cœur qui déménage
Ressent d'autres parfums, de saveurs, le critère
D'un tendre et doux amour, tandis qu'il déblatère
L'autre, avec ses versets fumeux comme nuages
Alors, en amoureux rejoindrons les rivages
De ces îles dorées au delà de la Terre
Puis au son des rondeaux dont je suis prestataire
En dansant vous serez libérée de vos cages
Seigneur de Keraban, dit le Têtu
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J'aime la poésie qui me parle et qui chante
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