Å’illadez-moi, Madame
Madame ai-je bien lu en lettre aux tons subtils
Vos dires à ce seigneur en épanchements vils ?
Gardez-vous bien Madame, qu’il ne vous abalourde
La Fontaine m’a dit : lui, c’est un happelourde
Ô vous, à cœur si grand, lui ne peut s’abonir
Et votre hymen encor’ il ne saura bénir
Il m’agace de vous savoir affriandée
Par un manant marri peinant à brandiller
Complaisez-vous aux mots pleins de badauderies ?
Non, dès lors n'oyez plus ses longs brouillaminis
Conchiant les beaux vers, de Joachim, de Pierre,
Ceux de mon ami Jean et les miens, ils m’atterrent.
Å’illadez-moi Madame, je suis vrai bigourdan,
Par faveur, n’imitez l’âne de Buridan
Engeancez pour vertus et plaisirs ma cabane
Où nobles damoiselles, et nues, dansent sardanes
Présentement portez aux frontons des gargouilles
Les images et mots de toutes ces fripouilles
Ces hordes soupirantes, ces bandes de menteurs
Ils désirent des culs mais ne prêtent pas d’heurs
L’un vous est bien connu, Chris-Ray, pour sa faconde
Tous les jours de ses vers un oasis inonde
Mais à la vérité ce sont des ronds dans l’eau
Quand moi vous chanterai chaque jour un rondeau
Un autre aussi, un noble, il a pour nom Saint-Just
N’est pas bon prétendant car il aspire juste
A vous baiser les pieds, étant un pédicure
De caresser vos seins, le rustre, il n’en a cure
Je n’en cite plus qu’un au surnom Filoumen
Par sa fougue et ses vers, oui c’est un phénomène
Regardez son image, il passe temps dans l’eau
Et se dit ne savoir en écrire, des rondeaux
Alors si gente Dame, pour doux et tendre amour
Garderez-vous encor' vos charmes à la cour
De ce triste seigneur, ce cavalier sans arme
Inapte à vous donner du plaisir jusqu’aux larmes ?
Keraban
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