Chevalier, te voilà , en bien belle jactance
Las ! Tu m'as laissée, en proie à l'abandon
Cependant que tu quiers que j'esponge l'outrance
Alors que tu fatrouilles de me ceindre le tronc !
Suis noble dame et si, tu me forces le train
En poursuivant céans, ton exécrable sketch
Je fuirai le castel et ce fieffé engin
Qui me brise les hanches et me glace la quetsche !
Un damelot, vois-tu, un dénommé St Just
Qui se dit bien pourvu dans de nombreux domaines
A jugé ton courroux, mordieu, par trop injuste
M'a fait déclaration, m'a mandé si je l'aime !
Et il se pourrait fort, que prise par la main
Il me tende un bouquet de gentes fleurs de lys
Et veuille consoler solitude et chagrin
Qui depuis ton départ, mes deux grands yeux emplissent !
Pourtant, je suis à toi, ô mon héros si biau
Et il est encor temps, de sauver ton honneur
Tu n'es point boursemolle, apprête ton propos
Je te ferai pardon, si tu es grand seigneur !
Ta Dame
Et voici le message que me porta tantôt le page de St Just :
Je m'appelle Maurice, Maurice Chevalier,
Mon père était chanteur et il draguait les dames,
Il savait leurs parler, leurs déclarer sa flamme,
Moi, je suis éboueur et un peu cavalier.
Quand j'ai lu votre appel, j'ai dit c'est pour ma pomme,
Ces façons de parler, çà sent si bon la France,
Et puis, s'il ne répond, avec moi, c'est tout comme,
Ell' veut un Chevalier, j'apprécie son outrance.
Je vois que vous avez le feu Ô ! Châtelaine,,
Mistinguet elle aussi, lorsqu'elle s'enflammait,
Rêvait de chevauchées, elle les acclamait,
A ce point, que certains la déclarait vilaine.
Pour ma part, mon papa, qui m'a chanté " Prosper "
Qui ignorait les boums, mais qui topait dessus,
Disait que dans la vie, il ne faut pas sans fers,
Certains ont profité pour parler de lapsus.
Si vous l'avez ôtée, il faut faire ceinture,
Puisque votre galant, a tout l'air de bouder,
Ce mets par moi cherché, j'adore l'aventure,
Sera vite honoré, de plus, je sais souder.
J'ai ma simca Talbot, en souvenir du lieu,
Je suis à côté de Castillon-la-Bataille,
Je peux vous enlever, pour cela je suis preux,
Je vous ai lue, et il n'y a que vous qui m'aille !...
...
L'amour... tarde... me monte au nez !....
Amicalement St Just
et, il en est d'autres encore, qui s'élèvent contre ta barbarie, le bon troubatour Filoumen jacta ceci :
Permettez chevalier qu'un humble troubadour
De guenilles vêtu se présente à la cour
Il est une rumeur qui enfle sur la place
Sachez qu'Ã votre endroit raille la populace
Des bouffons, là , dehors conte cet épisode
Votre belle coincée dans sa culotte à code
Lorsqu'aux jeux de l'amour, il vous faudra surseoir
Victime disent-ils de vos trous de memoire
Même vos gens, ici, dans votre dos se gaussent
Riant de vos efforts en votre nuit de noce
Vous mimant monseigneur vous tapant sur les mains
En dévêtant la dame au marteau et burin
Je vous en prie monsieur, pour laver votre honneur
Ne tranchez pas le cou de votre serviteur
Au fil de votre épée passer ma tête amie
Vous frapperait Sitôt du sceau de l'infamie
filoumen
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"Les poèmes sont en chemin : ils font route vers quelque chose." Paul Celan