Il neige ce matin au temps des rémanences
D’une histoire affectée par des joies innocentes
Quand un jeudi d’hiver de nos années sextantes,
Les flocons tournoyaient sur nos jeux et leurs danses.

Il neige ce matin…calme blanc et silence
A peine dérangés par des rires d’enfants
Qui trouveront plus tard, rougis et grelottants
A l’heure de midi, quiétude et abondance.

Il neige ce matin… en terres oubliées…
Dans les rues d’une ville, sur d’autres paysages
Qui font ces lieux perdus que des humains sans âges
Parcourent sans maux dire, de leurs âmes figées.

Il neige ce matin sur la froideur du monde,
Et ces peuples bannis que l’on traite en coupable
D’être à jamais maudits en restant misérables
Nous offrent ce destin que, sans fin, l’on abonde.

Il neige ce matin, Noël n’est plus si loin
Et nos âmes s’y parent d’égoïsme tranquille
Aux symboles qui font une muse facile :
La crèche et le sapin, les cadeaux, le festin….

Il neige ce matin et notre messe est dite,
Endormant la conscience qu’une « prière » apaise :
Escargots de Bourgogne, homard et mayonnaise
Paillettes et bougies…communions hypocrites…

Il neige ce matin…un requiem résonne,
Des jours qu’on imagine d’un monde qui s’embrase,
Ces territoires gelés où se fait table rase
Nous laissent deviner au tocsin que l’on sonne

L’ouragan des révoltes de ceux qu’on abandonne…