Les gosses dans la rue criaient « À la cornette ! »
Voyant les sœurs des pauvres qui faisaient des piqûres,
Pédaler vaillamment sur une bicyclette,
Elles n’étaient pas, bien-sûr, disciples d’Épicure.
Et les filles d’alors, qui allaient à la messe,
Tenaient leur chevelure enfermée sous un voile.
Dans les années soixante la pruderie mettait les voiles,
Tout juste si les jupes dissimulaient les fesses.
Nous chantions tous en chœur « Laisse entrer le soleil »
Dans les brouillards de Londres ou en Californie,
Et l’on devait garder tous les sens en éveil,
Et les yeux et les cœurs d’amour étaient remplis.
Sur les planches d’un théâtre parisien.
Se dévoilait et s’exposait, tout rayonnant, Julien,
Dans une comédie musicale nommée Hair,
Un bel hymne à la vie et un non à la guerre.
Il ne faut pas trop vite que femme se dévoile,
Il ne convient non plus que trop elle se voile,
Les yeux doivent toujours demeurer un sésame,
Qu’ils soient, noirs ou d’azur, la fenêtre de l’âme.
Sous la grille elle me voit, la longue dame en noir,
Mais son regard de braise je ne le verrai pas,
Je détourne les yeux et passe sans la voir,
Je n’ai pas reconnu la reine de Sabbat.
Dumnac