Comme cela m’arrive plusieurs fois,
En dizaine dans un seul mois,
Hier encore j’ai eu le droit,
A un relent de nostalgie.
Je me suis souvenu gamin,
A l’âge du désir enfantin,
Aux amours vierges du malsain,
Sentiment pervers de l’envie.
Cette demoiselle aux cheveux bruns,
Que j’admirais d’assez loin,
Caché tranquille dans mon coin,
Pour masquer mon attirance.
Chaque fois, que ses yeux déments,
Caressaient mon visage absent,
Je me liquéfiais sur le champ,
Tout en rêvant en silence.
Les portes d’un jeu périlleux,
Chaque jour, s’entrouvraient un peu,
Surtout dans mon cerveau vicieux,
De garçon en ébullition.
Et puis vint l’heure de l’audace,
Sous la pluie, seuls, face à face,
L’abri bus comme un palace,
Il faut croire en la tentation.
Elle enlève ses lunettes,
Est-ce un signe qu’elle me jette ?
Dans quel sens tourner la tête ?
Fonce mon gars, elle a si froid.
Je tremble comme un séisme,
Plus haut qu’à son paroxysme,
Ses yeux brillent d’un prisme,
Réchauffant mon corps hors la loi.
L’apothéose quand enfin,
Mes lèvres embrassent le destin,
La belle passe alors ses mains,
Dans mon dos, devenu serein.
Comme cela m’arrive plusieurs fois,
En dizaine dans un seul mois,
Hier encore j’ai eu le droit,
De m’attendrir sur un émoi.
Loïk Perrin