Habilement Edda parvint à éviter que sa marraine ne fasse découvrir au Langrave d’Hisolberg l’étendue du désastre qu’avaient pu être les visites de sa nièce à celui qui avait été son confesseur…
Ses rencontres avec Aloïs de Braubach, cet homme hautain et sournois qu’elle voyait, en présence de dame Hildegarde, la belle-sœur, la mettaient mal à l’aise…
Elle devinait le penchant incorrect qu’avait à son encontre ce souverain personnage et elle voulait s’en tenir éloignée de lui le plus possible…
De plus elle pensait que si Robert n’avait pu compromettre l’ancien Prieur devenu Abbé, ni trouver quelque chose de plus consistant grâce à l’évocation du défunt moine, il était certain que l’Abbaye de Lammerling pourrait garder son secret très longtemps…
Durant le manège de mondanités auquel son initiatrice la soumettait pour lui donner une science complète d’un savoir-faire dans la haute société, elle s’aperçut que sa propre Dame de compagnie, Béatrix Von Herten, qu'elle avait amenée avec elle, avait pris quelques distances…
Elle ne s’en offusqua pas, sachant qu’elle la retrouverait à son retour chez le Burgrave avec le même souci de fidélité qu’auparavant…
Dame Béatrix était une jeune femme qui, quoique légèrement potelée, avait la particularité d’appâter les hommes avec son côté affriolant… Comme elle s’était rendu compte qu’elle risquait, en se donnant trop facilement à quelqu’un, de faire échouer la renommée de sa maîtresse, elle choisit de se trouver un homme qui, à l’abri du regard des autres pourrait entretenir avec elle une relation licencieuse.
Après avoir tergiversé elle comprit que le bourreau du château, attaché à sa Seigneurie, ferait parfaitement l’affaire… Elle jeta donc son dévolu sur cet étrange individu car il était tenu de vivre isolé du reste du personnel et donc inaccessible à toutes les cachotteries…
En outre, l’idée de se livrer à une telle créature était pour elle d’un attrait follement excitant…
Elle commença donc à tisser avec lui une complicité qui passa inaperçue à l’ensemble de la communauté mais n’en devint pas moins très intime…
Durant ces moments où l’hiver s’installait de plus en plus, Robert qui se sentait inactif, s’offrit à prendre place dans les chasses qui s’organisaient pour tenter de capturer des hommes de Hieronymos.
On restait toujours en vue de retrouver les fameuses reliques disparues qui mettaient si abondamment l’évêque en colère…
La neige empêchant un bon ravitaillement, les bandits cachés dans les forêts, n’hésitaient plus à entrer dans les villages pour dérober leurs réserves aux habitants…
Un matin Samson Barchfeld et le Teutonique, alertés par un voisinage terrifié purent poursuivre dans les volutes et la froidure une bande de pillards qui cherchaient à s’échapper…
Leurs chevaux, quoique gênés dans leur galop par l’épaisseur blanche où s’enfonçaient leurs pattes, avaient un avantage sur les fuyards qui, à pied faisaient tout leur possible pour leur échapper…
C’est ainsi qu’ils purent mettre la main sur Kuno le principal lieutenant de Hieronymos…
(A Suivre...)
