Je suis un analphabète du cœur,
Trop ouvert, pour pouvoir faire abstraction,
Des pleurs et des sentiments sans couleur,
De l’envie qui tremble de mes effusions.
Je ne connais rien des mots qu’on susurre,
A l’oreille d’un amour qui s’éveille,
Telle une aube pour l’arc-en-ciel luxure,
D’une union sans nulle autre pareille !
Mes mots à moi sont plus réalistes,
D’un classicisme à mourir d’ennui,
Jamais, je ne dévoile ma longue liste,
De secrets muets, par manque de folie.
J’envie les dragueurs qui sans retenue,
DĂ©versent leur mensonge la rose aux dents,
Puis le premier verre et la main tendue,
Puis un long sourire de prince charmant.
Je suis un analphabète du cœur,
Mon vocabulaire est un orphelin,
Sans père et surtout sans mère, par ailleurs,
Il ne vit que dans mes vers du chagrin.
J’envie les dragueurs au sang écarlate,
Et le plus souvent bien alcoolisé,
Pour qui un rien leur lève la patte,
Comme ces chiens, à l’instinct aiguisé.
Alors, la soirée noyée en silence,
Dans ma froide psychique timidité,
Je me fais raison sans espérance,
Pour ne plus continuer Ă rĂŞver.
Je reste un analphabète, pour l’heure,
Avec une valise dans chaque main,
Pour paraphraser l’ami Jacques Brel,
Je m’endors ce soir avec l’essentiel,
Dans ma valise, des poèmes sereins,
Pour qui voudra lire, un bout de mon cœur.
LoĂŻk Perrin