C’est dit, à vous je me confesse,
Je pose bien trop de questions,
J’interroge vraiment sans cesse,
Je jouis de cette sensation.
Dans vos réponses, je m’égare,
Je recherche votre souffle,
Le signe pour moi du départ,
D’une nouvelle intervention.
Ma vie s’est résumée ainsi,
Entre les questions et réponses,
J’ai pu douter de votre avis,
Dans le brouillard où je m’enfonce.
S’il advenait que par mégarde,
Je meure au temps où je vous parle,
Je vous le dis, prenez donc garde,
A mes lèvres qui trop s’emballent.
Ecoutez, elles veulent encore dire,
D’un mot, la dernière question,
Attendez-vous vraiment au pire,
Je rejette l’absolution.
Tous mes péchés ne sont en somme,
Que le reflet de mes questions,
Évitons que je vous assomme,
En avançant mon dernier pion.
Un seul grand regret me taraude,
Si mon dieu enfin me saisit,
Autour de lui, le diable rôde,
Si de me taire, je ne puis.
Une vraie réponse je veux,
Et à jamais je me tairai,
Mais hélas de mon propre aveu,
Ma vraie question, j’ai oublié.
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L'homme est le rêve d'une ombre
(vers 135-140 des Pythiques de Pindare, le prince des poètes).