Le grand sérieux.
Savez-vous apprécier la vie hors de son vaste auditorium de vanité, là où l'éros n'est que flatterie? J'ai expérimenté le feu qui coule dans le creuset d'une mort rendue inséparable de la vie où j'inaugurais ma survivance et saluais la médecine de m'avoir tiré d'affaire. Savez-vous oublier votre narcisse et vous générer pour une existence éprise des tumultes de la joie? Je n'ai jamais trahi l'enjeu de l'amour et pourtant on me fait souffrir alors que ma clairvoyance n'est pas un caprice de l'orgueil. Savez-vous faire de votre vie autre chose qu'un mise en valeur de l'individualité alors que le tumulte de la vie sereine vous attend plein de la réceptivité d'un bonheur inavouable? Or je n'ai pas demandé qu'on me prenne avec la sensibilité de mes six années et avec la désinvolture d'une marâtre comme si j'avais l'espoir qu'on m'éreinte de la plus absurde des manières. Je n'ai pas demandé de rançon à la vie ni de bénéfice au doute alors qu'un air maussade enveloppe mes paupières avides d'une vision qui ne se révèle pas des bonnes questions pour qui s'arrange de mauvaise foi. Je dis que les qualités premières sont la naïveté et l'intelligence, vertus de l'innocence a contrario de la cruauté et de la stupidité toujours relégables à la dissolution d'un vice frelaté. Et si je suis bipolaire c'est pour renforcer la légitimité de la poésie qui anime mon credo ouvert à l'esprit de conquête dans l'unité d'un labeur qui rassemble la profondeur du devoir avec la nuance de la mélancolie. C'est que le grand sérieux est le guide de l'épopée du martyr et de la bête de somme.
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En vérité l'art est enfermé dans la nature; celui qui peut l'en extraire, celui-là est un maître.
Albrecht Durer
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