Je ne pense vraiment que dans la solitude,
Sinon, tel Modiano je deviens aphasique,
Et ne puis débiter qu’une ou deux platitudes,
Et à nul argument je ne trouve réplique.
Oui, sous les projecteurs, pour moi tout se complique,
On me tend un micro et je perds mes moyens,
Quand Jean-Pierre Elkabbach vient me couper la chique,
Et qu’entre mes idées se défont tous les liens.
Et j’ai beau rencontrer d’habiles questionneurs,
Genre Bernard Pivot, ou bien Jacques Chancel,
Ils deviennent terribles tous ces inquisiteurs,
Je ne puis tolérer qu’ainsi l’on m’interpelle.
Soudain sur mon visage se multiplient les tics,
Lorsque je dois répondre je suis pris de malaises,
Je ne saurai jamais manier la rhétorique,
Je fume sur mon gril et rougis sur la braise.
Je ne suis apaisé que sur la feuille blanche,
Ma plume court alors plus vite que le vent,
Et jamais, je le jure, ma mémoire ne flanche,
Et je trouve mes mots, si je prends tout mon temps.
Je ne pense vraiment que dans la solitude,
Je n’ai jamais voulu écrire à quatre mains,
Car, livré à moi-même j’ai toute latitude,
Pour, auprès du buisson, tutoyer le divin.
Dumnac