Il faut rendre Ă CĂ©sar ce qui est Ă CĂ©sar!
Il faut rendre à Homère ce qui est à Homère !
Ma grammaire latine ira-t-elle au rancart ?
Laisserai-je au grenier mes deux gros dictionnaires ?
Si l’on bannit l’étude de ces deux langues mortes,
Quid de l’orthographe ? De l’étymologie ?
Ces mots mystérieux, que le vent les emporte !
Nous ne pourrons jamais stopper l’hémorragie !
On ne peut de ces mots arracher les racines,
Comme on le fait des herbes, qui grandissent au jardin,
Elles nous viennent du grec et souvent du latin,
De Cicéron, César et Pline.
Laissons les prolégomènes futiles !
Savoir les reconnaître me serait bien utile,
Lorsque je lis mon quotidien,
Car sans elles je n’y comprends rien.
Lorsque je vais à l’hôpital,
Sans vouloir faire un catalogue,
Je me perdrais dans ce dédale
De pédiatres et de cardiologues.
MĂŞme quand on a fait du grec,
On tombe souvent sur un bec ;
J’avoue que “thanatopracteur”
Se porte moins bien que “ croque-mort ”!
Depuis longtemps on a perdu l’usage
De se fortifier au gymnase,
On ne se déshabille plus dans des thermes,
Mais l’on brave l’hiver, comme les frigodèmes !
J’ai trouvé un mot grec ! Euréka !
À la télé, c’est : “Thalassa”.
Sans la thalassothérapie,
Ce mot je ne l’aurais compris.
« Si vis pacem, para bellum »,
Sans dissémination des armes nucléaires !
Sans cette pollution de la terre des hommes !
Sans la moindre émission de gaz délétères !
Des mots à vouer aux gémonies,
Éros et Thanatos se mettent en ménage,
Il nous faut, aujourd’hui, pour être épanouis,
Qu’Orgasme avec Extase s’invitent dans nos lits.
Il me plaît d’écouter toutes ces polémiques,
De voir ces gladiateurs qui luttent dans l’arène,
D’entendre leurs arguments, « ad hominem »,
Et dans la droite ligne grecque et démocratique.
Doit-on continuer de toujours enseigner,
Ces deux langues mortes, dites anciennes ?
Je le crois, car on a tout Ă gagner,
Si l’on apprend d’où nos mots viennent.
Dumnac