Mon premier est un maître à cirer ses chaussures.
Sa frange ne doit point folâtrer à tous vents.
Le fil à son pourpoint se serre et le rassure.
A châtier la tournure il retourne souvent.
Mon deuxième est fécond d'amicales surprises.
Il va, il vient pour vous ; suivez-le du regard.
Il ouvrirait l'enfer, un jour, si, par méprise,
Vous alliez oublier de goûter son égard !
Mon troisième est au guet du haut de sa tourelle.
Ne la dépassez pas, il la déplacerait,
Et, pour bien vous montrer sa valeur naturelle,
Il pourrait d'arsenic allonger quelque trait.
Mon quatrième a mal, et c'est peu de le dire,
Car son poison à lui se source du dedans.
Un grand vide, un vertige appelle de sa lyre
Un secours à venir, quand il a mal aux dents.
Mon cinquième est un œil, mobile et synthétique.
Il entend, mais d'un mot jamais ne se fendra,
Sauf à vous résumer toute la maïeutique,
Quand, le salon désert, on le remarquera.
Mon sixième est le bras qui soutient et qui prise.
Presque chef, il fera l'exemple de l'édit.
Sous son crâne tricote une éminence grise,
Fidèle à en croquer celui qui se dédit.
Mon septième est le nez qui hume sa narcisse.
Ne le dérangez pas avec le règlement.
Son costume est au soir comme sur une abscisse
Et la piste en triomphe applaudit son tourment.
Mon huitième? Non, non ! Il n'applaudira guère.
N'allez pas demander de quel bois il rôtit !
Si vous croyez mieux dire, il répondra "Lanlaire !"
C'est lui qui vous protège, et tous vos abattis !
Mon neuvième, ô brouillard, fait le tour de la corde.
Il est pour tout le monde et ne sait que choisir.
Perdu dans sa nuée, il veille à la concorde
Et s'il y a mêlée, il se ronge à transir.
Et mon tout, que fait-il? Il compte ses chimères,
Le masque bien vissé craquant de boniment.
N'est-ce pas lui, l'idole aux ivresses amères
Qui rougit de percer son ombre intimement?
Ainsi donc, j'ai cru bon, sous la coupe solaire,
D'étaler à gros traits le mou du rudiment,
Afin qu'aux vieux futurs, un recoin médullaire
Offre son mémento substantifiquement.
Attention, messeigneurs, ténébreux ou en mire,
Car à la pomme, ici, en décoche l'archer !
Lors, de l'humble lotus, en paix, vous pouvez rire,
Mais, pour l'amour de Dieu, n'allez vous en torcher.