Dormir ensemble au mĂŞme lit, ne veut rien dire,
Bien souvent, c’est un fait, c’est tout ce qu’on y fait,
Auprès de soi, sentir elle ou lui qui respire,
Chacun son oreiller, en un accord parfait.
Je dors avec ton père depuis plus de trente ans,
Il me tourne le dos, mi-enfoui sous les draps,
Et, la plupart du temps, perdu dans l’inconscient,
Certaines nuits, trop rares, il me serre, dans ses bras.
Ce qui compte surtout, c’est tout ce qu’on se raconte,
Ces choses qu’à moi seule il fait la confidence,
Ailleurs que dans le lit, ces mots me feraient honte,
Là , l’oubli de la vie, invite à l’indécence.
Parfois, toute une nuit nous n’avons pas sommeil.
Des jours où l’on confond midi avec minuit,
Où l’on s’éveille ensemble, au lever du soleil,
Sans penser à hier, demain, même aujourd’hui.
Mais je sais qu’il nous faut, avant tout, vivre ensemble,
Et quand, tout près de moi, ma main ne trouve rien,
Je sens que j’ai parfois, un peu, les doigts qui tremblent,
J’ai peur de rester seule, un jour, sur le chemin.
Au lit, nous tutoyons, le paradis, je crois,
Deux tourterelles, en somme, sur une mĂŞme branche,
Qu’importe que lundi, ou dimanche l’on soit,
Si je peux m’endormir, ou passer ma nuit blanche.
Dumnac