Plume de platine Inscrit le: 13/5/2014 De: Envois: 2944 |
La ruelle fantôme - seconde partie Nous nous étions posés devant les deux hôtels Mon ami fumait cigarettes sur cigarettes depuis une heure Il ne passait plus beaucoup d'automobiles, les lueurs De leurs phares se faisaient absentes, irréelles.
-" Il va bientôt être minuit, nous allons enfin savoir Si je t'ai raconté une légende, un triste conte. Mais si tout est vrai dans cette histoire Je ne t'accompagnerai pas dans la maison."
les premiers coups de minuit s'entendaient dans les clochers, la rue semblait devenir phosphorescente, un étrange frisson Parcourait nos os, je voyais mon ami tout à coup trembler, Devant moi les deux maisons s'écartaient pour la séparation.
Une ruelle apparut longue de dix mètres, large de cinq. Au fond deux arbres cachaient une vielle maison : Un portail fermait le passage, il n'était pas vain D'attendre minuit pour commencer ma mission.
-" je vais y aller, je reviens vers les dix heures du matin Mes poches seront pleines d'or, j'en suis sur et certain."
Je quittais mon ami qui ne faisait pas un geste, Ni même un encouragement, ni un sourire. J'étais pressé de quitter sa compagnie indigeste, Pour un sorcier il me semblait bien risible.
Les deux maisons s'étaient bien écartées, un étrange silence Régnait dans la ruelle, les murs étaient gris blancs, Des pavés de toutes tailles empêchaient de bien marcher, Je devais faire attention de ne pas tomber.
J'approchais des deux arbres, leurs branches silencieuses Etaient immobiles, aucun vent, aucun oiseau dans ce lieu. Le portail mesurait dans les trois mètres, me toisait comme un Dieu Gardien de la maison, avais je encore l'âme aventureuse.
Un moment l'idée de repartir, de quitter la ruelle Gagna mon esprit, je regardais derrière moi : La ville avait disparu, un trou béant, obscure, cruel Barrait le chemin, fermant mes espoirs.
Je posais ma main sur le portail, le métal était froid Je poussais doucement, aucune résistance. Il s'ouvrit comme une invitation complaisante, La maison du Diable était devant moi.
Difficile de décrire cette demeure, elle n'avait qu'un étage, Les volets étaient fermés aux fenêtres, les murs étaient gris. L'idée d'un cage pour les souris me taillada l'esprit, Je compris la folie de mon aventure, mon piètre courage.
J'approchais du porche de la bicoque, la porte était en fer. Je posais ma main sur la poignée, sans résistance elle s'ouvrit. J'allumais une lampe torche pour éclairer la maison plongée dans la nuit, L'entrés s'éclaira grâce à l'audacieux rayon de lumière.
Toute la maison était silencieuse, aucune toile d'araignée, Aucune poussière sur les meubles, le ménage était fait. Un grand salon sur la gauche, une cuisine sur la droite, Un escalier descendait vers la cave, un autre montait à l'étage.
Je montais sans un bruit vers les chambres quand je vis Derrière une porte un rayon de lumière. Mon cœur se mit à battre, je posais mon oreille sur l'huis, Un étrange souffle, rauque, maladif était derrière.
J'ouvris la porte dans la plus grande confusion Une cheminée était allumée, un homme lisait un livre Installé sur un canapé douillet, j'avançais tel un homme ivre, Mon esprit partait dans un vertige de passion.
Je posais ma main sur son épaule, l'homme se retourna, Je me mis à hurler comme un dément, je me voyais Assis dans ce fauteuil, je me regardais comme un reflet, Je me vis me lever, je vis mes mains se tendre vers moi.
-" Pauvre fou, murmurais je, pars vite si tu as encore le temps Quitte cette maison avant que le Cornu ne revienne Pars vite, retourne vers Paris maintenant !"
Mes paroles de bon sens réveillèrent mon esprit, Je m'arrachais à moi même et descendis L'escalier pour rejoindre Paris, Je maudis l'or et mon ami.
Mais arrivé au rez-de-chaussée je vis le propriétaire La créature était merveilleuse, une lumière solaire. Sa peau était rouge comme le soleil levant, Sur sa tête, deux cornes d'ivoire brillaient de milles scintillements.
La créature me sourit avec bienveillance, Je remontais l'escalier, entra dans la chambre, Je pris le cahier et commença d'écrire mon histoire, La cheminée réchauffa la chambre, J'entendis un bruit derrière moi, Je me vis trembler d'effroi, Et depuis toujours l'histoire recommença....
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