A l'ombre d'Ariane.
A l'ombre d'Ariane.
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Sur une place, en Italie,
Le soir, vers les cinq heures,
Quelque chose a eu lieu,
A l'ombre de la statue d'Ariane.
A mi-chemin, entre l'ombre et la lumière,
Ariane, en stèle, pose un poids d'égarement,
Elle ne fait pas son destin : elle y consent,
La force s'accomplit, tout en mélancolie.
Le temps s'est arrêté, suspendu,
Par-dessus l'abîme du regard,
Le silence s'est fait oppressant,
Annonçant l'orage inévitable.
L'architecture romaine découpe,
L'éternité en instants isolés,
L'éternité joue l'intermittence,
Le monde se fait présage.
Je suis ton unique et seul labyrinthe,
Ariane, ma soeur, mon amour blessé,
L'ombre oscille entre connu et inconnu,
Le médium hésite entre savoir et pressenti.
C'est le chaos aux accents d'éternité,
L'instant de l'éternel retour,
Ariane pose, la perception extrême,
Du mystère d'une présence intense au monde.
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Illustration : Piazza d'Italia. G de Chirico. 1913.
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