Contorsions du matin
Mon jardin se réveille avec les hirondelles
Qui, sur un nid bâti dans un coin du balcon
Racontent une histoire qu’elles seules comprennent,
Pleine de roucoulades, de douces chansons ;
Et les petits moineaux n’ont vraiment pas de peine
A chanter à tue tête en aiguisant leurs ailes.
Le soleil est très doux, il n’est pas acéré,
Il n’y a pas encore cette horrible chaleur
Qui va tout recouvrir d’une grande violence.
Les massifs des allées dressent leurs belles fleurs
Bien gorgées de rosée dans un bien-être intense
Qui malheureusement ne va pas trop durer.
Les oiseaux se hasardent, cherchent leur bonheur
En sillonnant le ciel ou en grattant la terre ;
Avides de nourrir leurs nichées affamées,
Il vibrent de l’espoir de trouver dans les airs,
Sous les ifs, dans les fleurs, de quoi récompenser
Leurs petits qui attendent, lançant leur clameur.
Dans mon lit je savoure la paix du matin
Où tout paraît promis aux plus belles délices….
Désillusion profonde ! je n’avais pas pensé
Qu’avant le premier pas je devais en prémisses
Mettre une contention sur ma jambe, serrée,
Avec de durs efforts du début à la fin.
Contorsionnée, livide, je suis à bout de forces ;
Le bas ne glisse pas, il s’accroche l’infâme ;
J’ai beau tirer, lutter, et encore pester,
Si cela continue, comme le cerf je brame !
Je vais abandonner et puis me recoucher,
La sueur dégouline et envahit mon torse.
J’ai faim, je voudrais bien mon petit déjeuner
Mais n’en ai pas le droit avant d’être gainée ….
Je pense à ces oiseaux qui libres et heureux,
Eperdus du pouvoir de leur légèreté
Volent à tire d’aile et sillonnent les cieux
Pendant que moi je suis à deux doigts de pleurer.
Jeannine