L'arbre scarifié...
Si l'on tend bien l'oreille..
chuchote l'arbre pleureur..
essuie une larme de son oeil..
feuilles petits mouchoirs en deuil..
Ils pleurent les arbres amaigris
écoutez ne vous lassez pas d'entendre
si le gémissement semble agonie
ce n'est que feinte, à s'en méprendre...
Il n'y a pas que ce pleureur de saule..
qui pleurniche sous ses branches.
bien d'autres conifères se désolent..
tristesse amoureuse n'est pas étanche...
Et puis il y a des coeurs gravés..
comme si on leur tailladait les veines..
quelle idée ce tronc balafré à jamais..
d'un je t'aime affadi à perdre haleine...
Leurs grands yeux sont enfouis..
l'écorce comme paupières fermées..
ils sanglotent le jour comme la nuit..
quand la lame à vif saigne le boisé...
Heureusement il y a le printemps..
qui sèche les pleurs en bourgeonnant..
çà réveille la sève comme le sang..
çà revit et çà donne le verbe chantant..
La mémoire de l'arbre dénudé..
par l'hiver toujours trop tôt arrivé..
renaît toujours au rayon premier..
l'envie d'aimer et puis.. griffonner...
Et puis ceux qui ont abandonnés là..
leurs initiales aux contours usés..
si on savait la trogne des aléas.
on ficherait la paix à l'arboré...
On ne peut s'approprier son corps..
à cet arbre solitaire retraité et pépère..
pourquoi l'abandonner à ce triste sort..
le poids des amours mortes éphémères...
Si l'on tend bien l'oreille..
chuchote l'arbre pleureur..
en murmures à la pelle..
pitié ne sacrifiez plus l'arbre en son coeur
Isabelle le 13 avril 2015
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