Désirs
Je voudrais que revienne la candeur de l'enfance,
Le charme désuet de mon adolescence,
Faire un bond de trente ans promptement vers hier,
Parcourir le chemin, mais d'une autre manière.
Me battre avec mes frères, rajeunir mes parents,
Retrouver ma jeunesse et son calme apparent.
Rejoindre mes amis dans le fond d'un café,
A y refaire le monde, à rire ou à gaffer !
J'aimerais retrouver les jardins ouvriers
Et les vielles cités par vous tous oubliées.
Je me souviens encore du Lycée le chemin
Même les yeux fermés j'y retourne demain.
La neige qui s'agrippe tout l'hiver aux collines,
Les tiroirs de grand-mère sentant la naphtaline,
Le service aux stations et les garde-barrières,
Timidement je veux regarder en arrière.
Les soirs de réveillon, des Noëls en famille,
A la belle saison, des vacances au Pays.
Comme la vie est belle quand on n'a que quinze ans,
Comme douce est la route et l'azur séduisant.
Par les sans-interdits qu'on croit à double-sens,
Découvrir de mes rêves la délicate essence.
Aller avec audace vers les autres et moi-même,
Sans vouloir à tout prix qu'on m'admire ou qu'on m'aime.
La jouvence est un art, privilège d'un âge,
Où tout n'est qu'insouciance au début du voyage,
Pourquoi prendre un sentier vers un destin d'adulte
Où l'espoir est aride comme une terre inculte.
J'ai cru en mes projets et en mes illusions,
Ce soir à cinquante ans, et avec dérision,
Je guette jour et nuit mais rien d'autre ne vois,
Dans l'horizon obscur que l'herbe qui verdoie.
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Amitiés,
Maria
On ne recommence plus, mais se souvenir c'est presque recommencer. Charles Nodier
