Les Morts ne songent plus à boire ou à manger,
Ni chaud, ni froid, leurs besoins ne sont plus les nôtres.
Ils ne perdent nul temps en vaines patenôtres
Et ne souhaitent pas de se voir déranger.
Leur univers immense est quasi insondable
Ils voient enfin les hommes d’en haut, tels qu’ils sont.
Ce qu’ils pensent pourrait nous donner des frissons,
Nous qui nous voyons grands, alors que misérables.
Les Morts ne sourient pas à voir nos incartades
Nos folies des grandeurs et toutes nos bassesses,
Notre orgueil ridicule et notre petitesse,
Nos crimes et travers et nos rodomontades.
Les Morts voient ce à quoi nous sommes tous aveugles.
Ils ont le temps pour eux de réfléchir en sages,
Depuis qu’ils ont franchi un jour le Grand Passage,
Et quitté pour de bon ce monde fou qui beugle.
Contrairement à nous, monstres d’intolérance
Les Morts, le cœur serré, voient des gens massacrés,
Pour des raisons qui n’ont rien de vrai, de sacré,
Des mensonges qui ont en commun l’ignorance.
Dire qu’il nous faudra, pour les comprendre enfin,
S’en aller les rejoindre un jour, et oublier
Nos vanités filant au temps du sablier,
Pour vivre une harmonie qui n'aura pas de fin.
Daniel46, le 19 mars 2015
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Science sans conscience n'est que ruine de l'âme (Rabelais)