Tu es parti l’air décidé
Presque arrogant
Sans ton chien ni ton chapeau
Sans avoir attendu un instant
Que les voiles descendent vers Harfleur
Tu as noyé ton sourire
Dans les eaux glauques du port
Qu’en flaques paresseuses
La marée grassement étale
Sous la lourde panse des chalutiers
Tu es parti tête haute
Chevaucher l’écume des vagues
Sans ton gilet de sauvetage
Pour défier les menaces du vent
Cachant tes bras sous la voilure
Et laissant nue la grande vergue folle
Dans le délire suprême
Et le désœuvrement de tes dix doigts
Et c’est sur le gaillard d’arrière
Que la mer t’a surpris
Le ventre à découvert
Et l’anus en trompette
Pour annoncer dans la tempête :
L’APOCALYPSE !
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Toutes les choses ont leur mystère, et la poésie, c'est le mystère des choses !
(Frederico GARCÍA LORCA)