Les tourbillons de Vincent. (Auvers, et contre tous.)
Les tourbillons de Vincent.
Auvers, et contre tous.
----------------------------
C'est Auvers à tout le monde,
Vincent !
Et ton église aux lignes qui dansent,
Vapeurs folles baignent
dans l'huile de lin,
Retentit un bout du chemin
incandescent,
l'herbe folle dessine des tirets rances,
Retenant les piliers ivres,
en vain !
Auvers à soi,
flagrant refus de la perspective,
Le ciel à l'apparence nocturne
confronte sa couleur,
A terre passe l'éclairage
d'un jour lumineux.
Quand le bas du tableau, peint à midi, en lumière fictive,
Projette l'ombre de l'église en fin de journée de chaleur,
le ciel, soleil noir mélancolique
puits profond, vertigineux.
Tant de détresse, à Auvers ses veines,
Qu'un ciel bas se pend dans des noeuds coulants,
Aux abat-sons, abat jour des mortes tranches.
Les tourbillons secouent leurs lourdes peines,
La passante, sans ombre, grelotte en fichu moulant,
La misère prend place, le désespoir s'épanche.
C'est à Auvers, et contre tous, Vincent !
Que bataille sur la toile et sur ta vie,
Les jours se comptent : il en reste moins de cent,
Auvers de terre à suicide, se joue la survie.
Entre, Vincent ! c'est Auvers !
-------------------------------------------------------
Illustration : L'église d'Auvers sur Oise
Vincent Van Gogh . 1890.
----------------